Circulation routière et environnement : au tour des transports publics d'être décarbonés

Les grandes villes du monde sont aux prises avec le défi de décarboner leurs transports publics, en promouvant le déplacement en train, en améliorant la fiabilité des systèmes de transport, en ayant recours à l’électrification des bus et en réduisant la circulation routière.

Les trains suburbains : l’avenir des transports publics en France et ailleurs

En France, le président Emmanuel Macron a donné une impulsion majeure en annonçant le lancement, d’ici à une décennie, des « services express régionaux métropolitains », une adaptation des RER parisiens pour dix grandes métropoles provinciales. Cette initiative s’inscrit dans un contexte mondial où le développement des trains suburbains est devenu l’une des tendances marquantes du marché des transports publics. Henri-Poupart Lafarge, PDG d’Alstom, a fait cette constatation lors du sommet de l’Union internationale des transports publics (UITP) à Barcelone. Cette décision ambitieuse reflète la reconnaissance croissante de l’importance des transports publics dans les grandes villes. Cela souligne également l’engagement en faveur de solutions de mobilité durables et efficaces, telles que les trains ou encore les cars et autobus électriques, pour répondre aux besoins des habitants des métropoles provinciales.

Électrification des bus : les investissements en cours pour atteindre la transition électrique

Dans le monde entier, les investissements dans les transports publics sont en pleine expansion, selon Sylvain Haon, directeur de stratégie à l’Union internationale des transports publics (UITP). Bien que cela ne suffise pas, une croissance post-pandémique se dessine progressivement, ajoute-t-il. Une part importante de ces investissements est également dédiée à l’électrification des bus, un défi majeur selon Lluis Alegre, directeur de la mobilité à l’autorité des transports publics de la métropole de Barcelone. Actuellement, seulement 6 % des autobus de Barcelone sont électrifiés, mais l’objectif est d’atteindre 30 % d’ici à 2025 et 60 % d’ici à 2030. Cette transformation ultrarapide concerne l’ensemble des réseaux mondiaux, et selon Thierry Mallet, PDG du groupe français Transdev, il est crucial de miser sur cette évolution.

Le train régional : une solution de mobilité durable et une alternative à la voiture individuelle

Même aux États-Unis, où l’omniprésence de la voiture est indéniable, une évolution d’état d’esprit est en train de s’opérer, affirme David Scorey, PDG de Keolis Amérique du Nord. En effet, grâce à l’adoption de l’Infrastructure Investment and Jobs Act (IIJA) en novembre 2021, une somme sans précédent de 105 milliards de dollars a été allouée au développement des transports publics dans le pays. Cette initiative marque un tournant majeur, mettant en lumière le rôle primordial du train régional dans le système de transport public aux États-Unis, souligne David Scorey. Il s’agit d’une reconnaissance claire de l’importance de diversifier les options de déplacement et de réduire la dépendance à la voiture individuelle (berline, break, SUV et 4X4, grande familiale), essence ou diesel. Cette mesure audacieuse témoigne d’un engagement envers une mobilité durable avec la promotion des transports publics et d’une volonté de répondre aux besoins changeants des citoyens américains en matière de déplacement dans cet immense pays.

Objectif : relier mieux et plus vite les grandes villes à leurs banlieues

Les initiatives visant à créer des trajets reliant les villes à leurs banlieues se multiplient à l’échelle mondiale avec des projets tels que le Grand Paris Express, l’Elizabeth Line à Londres et le Regional Rapid Transit System (RRTS) à New Delhi. Cette tendance en matière de transports publics, qui s’étend à plusieurs grandes métropoles est observée par le PDG d’une entreprise ferroviaire. En Chine, par exemple, on constate une évolution intéressante : jusqu’à présent, le développement du train à grande vitesse était privilégié d’un côté, tandis que le métro était favorisé dans les villes.
Cependant, de nombreux projets de trains rapides régionaux sont actuellement en cours de réalisation autour des grandes agglomérations chinoises pour soutenir l’évolution des transports publics. À New Delhi, le gouvernement a lancé la construction de trois lignes régulières à grande vitesse du RRTS pour relier le centre de la capitale aux villes environnantes. La première ligne de 82 km entre Delhi et Meerut devrait ouvrir sous peu, avec objectif de désengorger le centre de l’agglomération.

Déplacements en trains et circulation routière : des projets à long terme

Selon Thierry Mallet, PDG du groupe français Transdev, il est important de reconnaître que le déploiement du train ne peut pas être réalisé partout de manière instantanée pour améliorer la circulation routière. Les projets ferroviaires nécessitent du temps et des investissements considérables, tandis que les infrastructures routières existent déjà et sont opérationnelles dès maintenant. Par conséquent, M. Mallet préconise de miser sur les liaisons d’autobus express, comme celles qui existent à Madrid, où quotidiennement entre 300 000 et 400 000 personnes les empruntent. Ces autobus bénéficient de voies réservées, permettant ainsi de relier efficacement les centres-villes aux banlieues. Pour M. Mallet, le train est un mode de transport urbain coûteux, tandis que le car, avec l’évolution rapide des technologies, deviendra rapidement une alternative propre et durable. Cette approche pragmatique offre une réponse immédiate aux défis de la circulation routière tout en prenant en compte les impératifs économiques et environnementaux.

La nécessité de subventionner les réseaux de transport pour assurer leur fonctionner

La question cruciale du financement du réseau de transport se pose avec acuité. À travers le monde, à l’exception de l’Amérique du Nord où la fréquentation reste légèrement supérieure à 70 %, les niveaux de fréquentation des transports publics retrouvent peu à peu leur niveau d’avant la pandémie. Cependant, les revenus générés par la billetterie ne suffisent pas à couvrir les frais de fonctionnement, et selon Sylvain Haon, « très peu de réseaux peuvent fonctionner sans être subventionnés ». La réalité est que ces infrastructures essentielles dépendent largement des subventions pour assurer leur pérennité et maintenir des tarifs abordables pour les usagers. Les gouvernements et les autorités compétentes doivent donc s’engager à soutenir financièrement le transport collectif afin de garantir leur accessibilité et leur efficacité dans un contexte de reprise progressive du trafic.

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Avec ETX / DailyUp