De nombreux Français jugent les ZFE inefficaces et sources d'inégalité sociale

 
ZFE-Français
Une loi en cours d'adoption prévoit d'étendre les Zones à Faibles Émissions (ZFE) à l'ensemble des 43 agglomérations françaises comptant plus de 150 000 habitants d'ici à 2025. - Photography photoschmidt / Getty Images©

Une étude du Sénat sur la généralisation des ZFE en tant qu’alternative à la voiture polluante, ne fait pas l’unanimité auprès des Français habitant les villes. Pourtant, le véhicule propre et les transports en commun restent des solutions à privilégier pour réduire la pollution de l’air.

Controverse autour des ZFE : la population française opposée à leurs conséquences sociales

Les zones à faibles émissions (ZFE) sont des dispositifs visant à limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants. Il s'agit d’une mesure qui contribue à la lutte contre la pollution atmosphérique et à l’amélioration de la qualité de l’air et ses effets sur la santé et le climat. Cela implique la promotion des véhicules à vignette Crit’Air verte ou aussi des voitures Crit’Air 1, 2 ou 3, d’occasion ou neuves, car considérées comme les moins polluantes.

 

Cependant, les ZFE suscitent une forte opposition de la part des Français, qui les jugent injustes, inefficaces et mal expliquées. Selon une consultation en ligne du Sénat, 60 % des Français ignorent encore ce qu’est une ZFE et 80 % y sont défavorables. Une autre étude de l’IFOP rapporte que 62 % des Français sont contre ces dispositifs de restriction de circulation dans certaines zones et 71 % estiment qu’elles vont creuser les inégalités sociales.

Opinion des Français : un nombre record d’avis négatifs sur les zones à faibles émissions

Le succès sans précédent d’une consultation sénatoriale auprès des Français a révélé les inquiétudes grandissantes suscitées par le dispositif des ZFE. Avec plus de 51 300 réponses en moins d’un mois, cette consultation a enregistré un nombre d’avis négatifs jamais atteint auparavant.

 

Le sénateur des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE, a souligné lors d’une conférence de presse que le terme « succès », entre guillemets, était utilisé pour souligner la magnitude des préoccupations exprimées par les Français. Il a également précisé que cette consultation était basée sur le principe du volontariat et ne prétendait pas être un sondage représentatif. Les conclusions de cette mission de contrôle sur les ZFE, attendues pour mi-juin 2023, promettent de mettre en lumière les préoccupations et les diverses opinions des Français concernant ces dispositifs controversés.

Une étude sénatoriale révèle le rejet massif des automobilistes face au dispositif

La récente étude menée par les sénateurs révèle une forte opposition au déploiement des Zones à Faibles Émissions. Sur un total de participants comprenant à la fois des particuliers et des professionnels, 86 % des particuliers et 79 % des professionnels se sont déclarés opposés à ces dispositifs. Parmi les répondants, les particuliers représentent 93 % de l’échantillon, tandis que les professionnels constituent les 7 % restants.

 

Les résultats de l’étude mettent en évidence le rejet massif des Français pour les ZFE, qui voient en cette mesure une décision technocratique créant des inégalités d’accès au centre-ville en fonction du niveau de richesse. Parmi les témoignages recueillis, on peut lire des commentaires dénonçant la ZFE comme une mesure qui aggrave les disparités sociales et qui favorise une rupture d’égalité selon les ressources financières des individus. Étant donné le coût d'une voiture électrique neuve, il reste tout de même la possibilité d'acheter une voiture électrique d'occasion. Mais cette étude souligne ainsi les préoccupations profondes de la population face aux implications des ZFE.

La disponibilité d’une alternati/ve à la voiture thermique influence les opinions

L’analyse des résultats de la consultation, effectuée par un expert en données, révèle des tendances intéressantes. Il ressort que plus un répondant habite loin du centre d’une agglomération, plus il se montre opposé à l’instauration d’une Zone à Faibles Émissions.


En effet, seuls 8 % des habitants des communes rurales se sont déclarés favorables à cette mesure, tandis que ce chiffre atteint 23 % parmi les habitants des centres-villes. Par ailleurs, la disponibilité d’une alternative à la voiture traditionnelle joue également un rôle dans les réponses. Seuls 16 % des répondants estiment disposer de solutions alternatives suffisantes.


Ces constats soulignent l’influence de la distance géographique ainsi que la nécessité de proposer des alternatives convaincantes aux véhicules thermiques conventionnels, essence ou diesel. Il apparaît crucial de prendre en compte ces facteurs pour élaborer des politiques de mobilité durables et équitables.

Le coût et l’accessibilité constituent des obstacles majeurs à l’achat d’un véhicule propre

L’opinion sur les Zones à Faibles Émissions varie considérablement selon les catégories socioprofessionnelles, comme le révèle l’étude. Alors que 25 % des cadres se déclarent favorables aux ZFE, seulement 11 % des employés et 4 % des ouvriers partagent cet avis. Le principal obstacle à la généralisation des ZFE réside dans le coût élevé du véhicule propre, selon 77 % des particuliers interrogés. Viennent ensuite les difficultés d’accessibilité des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales citées par 51 % des répondants et l’insuffisance des offres de mobilités alternatives, mentionnée par 42 % d’entre eux.

 

Ces résultats mettent en évidence les disparités socioéconomiques et les préoccupations liées aux coûts et à l’accessibilité dans le contexte des ZFE. Pour promouvoir une transition efficace vers des modes de transport à zéro ou à faibles émissions de polluants, notamment les véhicules électriques, il sera essentiel de tenir compte de ces différences et de proposer des solutions abordables et accessibles pour tous, notamment dans les zones périurbaines et rurales.

La mise en place de ces mesures : un défi pour les villes françaises et leur mobilité urbaine

La loi entend généraliser les Zones à Faibles Émissions dans les 43 agglomérations françaises les plus peuplées d’ici à 2025. Actuellement, onze villes, dont Lyon, Grenoble et Paris, ont déjà mis en place leurs propres ZFE, chacune suivant un calendrier spécifique. La comparaison avec le mouvement des « gilets jaunes » est inévitable, car cette fois encore, il est question de restreindre l’usage de l’automobile.

 

Cependant, le sénateur Tabarot a souligné qu’il était crucial de ne pas répéter les erreurs passées et de ne pas susciter une autre bombe sociale. Il a déclaré : « Nous ne voulons pas voir une explosion de tensions supplémentaires, alors qu’il en existe déjà plusieurs ». Cette préoccupation reflète les inquiétudes des décideurs face aux possibles conséquences sociales de la vulgarisation des ZFE. Il est essentiel de trouver un équilibre pour proposer des alternatives aux voitures polluantes tout en évitant les répercussions négatives sur la société.

Congestion automobile et trafic routier : la priorité est de promouvoir les transports en commun

Face au ressentiment largement négatif exprimé par les citoyens, le sénateur cherche à trouver un équilibre délicat. Il reconnaît l’importance des chiffres issus de la consultation, mais souligne également l’impératif de santé publique. Selon l’élu, il est évident qu’il existe un décalage entre le calendrier de déploiement des ZFE et l’avancement de l’alternative à la voiture à fortes émissions de particules fines. Il est donc primordial de privilégier une transition vers les transports en commun pour répondre à cet enjeu.

 

Pour le sénateur, il est essentiel de favoriser le report modal et encourager l’utilisation des moyens de déplacement alternatifs. Selon lui, même avec 40 millions de véhicules électriques, le problème de la congestion automobile ne sera pas résolu. Ainsi, la priorité doit être donnée à des solutions de mobilité collectives et durables pour atténuer les problèmes de circulation. La promotion du bus, du train ou encore d’autres pratiques comme le covoiturage est des solutions envisageables pour réduire la pollution atmosphérique.

Une forte résistance malgré la menace d’amendes pour les conducteurs

Malgré la menace d’une amende de 68 euros à l’horizon, une étude révèle que 83 % des particuliers n’ont pas l’intention de changer d’automobile pour pouvoir accéder aux Zones à Faibles Émissions. Depuis le mois de mars, la mission d’information « flash » du Sénat a mené plus de quarante auditions sur l’acceptabilité des ZFE. « On constate que certaines villes, qui étaient particulièrement volontaristes et avaient établi des calendriers serrés, sont obligées de faire machine arrière. Il est désormais bien plus qu’une question politique », a admis M. Tabarot, le rapporteur de la mission d’information.

 

Ces constatations soulignent les défis auxquels sont confrontées les ZFE en termes d’acceptabilité par la population. Malgré les mesures de dissuasion financière, la majorité des particuliers ne sont pas prêts à changer de véhicule pour se conformer aux exigences des ZFE. Les conclusions de la mission d’information du Sénat mettront en évidence les difficultés rencontrées et pourraient orienter les futures décisions politiques dans ce domaine.

 

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Avec ETX / DailyUp

 

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David Lefebvre le 14/07/2023

 

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