Plusieurs constructeurs automobiles envisagent d'adopter des électrocarburants ou e-fuels, à base d’hydrogène pour alimenter en partie une voiture à l'essence. Ce carburant de synthèse est considéré comme écologique, toutefois, sa production se révèle coûteuse entrainant un prix à la pompe plus élevé pour le moment.
Vers une réduction de l'empreinte carbone des véhicules grâce aux électrocarburants
Les électrocarburants sont de plus en plus considérés comme une alternative prometteuse aux carburants traditionnels dans l'industrie automobile. Les constructeurs automobiles estiment qu'ils pourraient contribuer à réduire l'empreinte carbone des voitures à essence déjà en circulation, Crit’Air 2 ou non, par un carburant de synthèse produit à partir de CO2 et d'hydrogène. Cependant, bien que cette technologie soit en constante évolution, elle présente encore certaines limitations. Les électrocarburants sont rares et coûteux à produire, ils nécessitent une quantité considérable d'énergie pour leur fabrication et peuvent être polluants s'ils ne sont pas produits à partir de sources renouvelables. En outre, des experts ont souligné que d'autres secteurs tels que l'aviation pourraient d'abord s’accaparer les e-fuels en raison de leur potentiel de réduction des émissions de carbone.
Les carburants synthétiques pourraient réduire la pollution générée par la voiture à essence
Les carburants synthétiques se révèlent performants pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des moyens de transport, y compris la voiture à essence. Ils sont souvent utilisés en complément des biocarburants, qui sont produits à partir de résidus agricoles, de déchets ou d'huiles usagées. Le premier processus permettant la production de carburant de synthèse a été développé dans les années 1920 par les chimistes allemands Franz Fischer et Hans Tropsch. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne a largement utilisé cette technologie pour produire de l’énergie à partir du charbon, en raison de la pénurie de pétrole. Bien que les électrocarburants aient un potentiel considérable pour remplacer les énergies fossiles, leur production nécessite encore des investissements considérables dans des infrastructures dédiées. De plus, leur coût de production est actuellement élevé par rapport aux combustibles classiques, ce qui en limite l'utilisation à grande échelle.
De l’hydrogène issu de l’énergie renouvelable
La production de carburant de synthèse, également appelée e-fuel, implique généralement la combinaison d'hydrogène et de CO2. Cependant, pour que ce processus soit respectueux de l'environnement, l'hydrogène doit être produit à partir d'une source d'électricité renouvelable, tandis que le CO2 doit être capturé dans l'air, les émissions industrielles ou la biomasse. Les électrocarburants ont des propriétés similaires à celles des combustibles traditionnels et peuvent être utilisés purs ou mélangés à du pétrole sans nécessiter de modifications du moteur. Ils peuvent donc être utilisés pour propulser une voiture d’occasion tout en permettant à celle-ci de réduire ses rejets de gaz à effet de serre. Bien que les e-fuels soient considérés comme une alternative potentiellement durable aux carburants habituels, il faudra encore attendre plusieurs années pour qu’ils se retrouvent dans les réservoirs de nos véhicules.
Les constructeurs auto s’intéressent davantage à l’e-fuel
Bien que les constructeurs automobiles s'orientent de plus en plus vers la voiture électrique, l’e-fuel continue de faire l'objet d'une attention particulière. Porsche, par exemple, a pris les devants en investissant dans une usine pilote dans le sud du Chili. Cette usine, nommée Haru Oni et lancée fin 2022, utilise les vents très forts de la région pour produire de l'électricité décarbonée. Elle devrait produire dans un premier temps une petite quantité de carburant de synthèse, soit 130.000 litres par an. Les électrocarburants obtenus par cette firme seront principalement utilisés lors de courses automobiles et de démonstrations par Porsche.
Un carburant de synthèse difficile à mettre en œuvre
Malgré le potentiel des électrocarburants, leur production reste difficile et coûteuse. Ils nécessitent une grande quantité d'énergie dans leur processus de fabrication, ce qui les rend peu compétitifs par rapport aux carburants traditionnels. De plus, la production de ce carburant de synthèse peut être polluante si elle n'est pas issue de sources renouvelables. Cependant, ces nouveaux combustibles pourraient jouer un rôle clé dans les secteurs difficiles à décarboner tels que l'aviation et la navigation maritime. Les constructeurs automobiles continuent donc de surveiller de près cette technologie en constante évolution.
Volkswagen, BMW, Ferrari… ces fabricants automobiles qui y croient
BMW et Volkswagen, propriétaire de Porsche et d'Audi, s'intéressent de près aux électrocarburants, car ils considèrent qu'ils peuvent être utilisés dans un grand nombre de voitures existantes ainsi que dans les catégories de niche, selon le patron de Volkswagen, Oliver Blume. Cependant, le gouvernement allemand interrompt actuellement la transition de l'industrie automobile européenne vers la mobilité électrique en réclamant une autorisation pour l'utilisation de ces carburants synthétiques.
Prometheus et Ferrari innovent pour prolonger la vie des moteurs thermiques
Dans la même optique, la société californienne Prometheus, soutenue par BMW, mais aussi par le transporteur maritime Maersk, promet un carburant de synthèse produit selon une autre technologie, qui ne nécessite ni de pressage ni de température spécifique, donc moins énergivore et moins dispendieux. Ferrari, quant à lui, explore cette voie en Formule 1 avec son partenaire pétrolier Shell. La possibilité d'utiliser ces combustibles dans les voitures existantes représente un avantage certain pour les constructeurs, qui pourraient ainsi prolonger la durée de vie de leurs moteurs thermiques. Cependant, les experts s'interrogent sur la viabilité de cette solution, car elle pourrait retarder l'investissement dans l'électrification de la mobilité.
Des partenariats sont en lancés pour décarboner d’autres secteurs comme l’aviation, la marine…
Renault et Stellantis, les deux grands constructeurs automobiles français, se lancent également dans la production d'électrocarburants en partenariat avec le géant saoudien du pétrole Aramco. Ce dernier prévoit d'ouvrir une usine de carburant de synthèse en Espagne en 2024 en collaboration avec le pétrolier Repsol. Cette usine produira des carburants synthétiques pour les secteurs de l'aviation, de la marine et de la route. Les e-fuels étant considérés comme une alternative d’avenir aux carburants traditionnels, ces partenariats entre les constructeurs automobiles et les géants pétroliers témoignent de l'intérêt croissant de l'industrie automobile pour cette technologie. Toutefois, la production d'e-fuel est encore limitée pour de nombreuses raisons, ce qui pourrait retarder leur adoption à grande échelle.
Pourtant les e-fuels ne font pas l’unanimité auprès des certains experts ou d’ONG environnementales
Malgré leurs avantages et leurs atouts, les électrocarburants, ou e-fuels, suscitent des controverses auprès des experts et des ONG environnementales. Selon Nicolas Dore de l'Agence française pour l'environnement (Ademe), ils affichent des rendements énergétiques moins avantageux par rapport à aux moteurs électriques ou à l'hydrogène : les procédés industriels ne sont pas encore prêts et leur production implique des coûts importants. En outre, leur quantité restera relativement limitée. Selon l'Ademe, les e-fuels pourraient trouver plus facilement leur place dans les secteurs difficiles à décarboner comme le transport aérien. Même s’ils sont neutres en carbone, les électrocarburants sont toujours à l’origine d’émissions de dioxydes d'azote (NO2) et des particules cancérigènes, d’après l'ONG Transport & Environment (T&E).
Le cheval de Troie de l’industrie automobile
Pour les ONG environnementales, les électrocarburants sont comme un "cheval de Troie" du secteur automobile pour étendra l’utilisation des moteurs thermiques et ajourner les investissements dans l'électrification. La députée européenne Karima Delli (Les Verts-ALE) a qualifié la décision de la Commission européenne de reculer sur les carburants synthétiques d’un égarement pour l’environnement, pour la santé des citoyens européens, mais également pour la compétitivité du secteur automobile.
L’électrocarburant afficherait un prix à la pompe élevé
Les e-fuels coûtent actuellement bien plus cher que l'essence ordinaire, selon Transport & Environment. D'ici 2030, le prix à la pompe de ce carburant de synthèse en France pourrait atteindre au moins 2,82 euros le litre, soit une augmentation de 50 % de plus par rapport aux tarifs actuels de l’essence. De plus, les électrocarburants ne représenteraient que 2 % de la consommation totale. Pour l’heure, de nombreux experts sont sceptiques quant à l’utilisation et la viabilité des de ces types de carburant de synthèse.
Des solutions moins onéreuses existent pour limiter l’empreinte carbone du transport routier
Selon Nicolas Dore de l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, il existe des alternatives plus affinées, moins coûteuses et plus efficaces que les électrocarburants. Toutefois, Porsche semble confiante dans l'avenir de cette technologie et affirme que les prix des e-fuels seront équivalents à ceux du combustible traditionnel à long terme, une fois que la production augmentera. Cependant, il reste encore des questions en suspens quant à la disponibilité des électrocarburants dans les stations-service. Un porte-parole de Porsche a indiqué à l'AFP que cela resterait l'exception plutôt que la règle, même si les constructeurs automobiles continuent d'investir dans des usines pilotes et des partenariats avec des entreprises pétrolières pour produire ces carburants synthétiques.
Pour encore plus d’actualités sur les électrocarburants, suivez-nous sur la page Facebook de ParuVendu.
Avec ETX / DailyUp
David Lefebvre le 01/06/2023
Trouvez votre voiture