Piaggio MP3 LT : 400 cm3...sans permis moto

Plus personne ne se retourne aujourd’hui au passage de l’étrange Piaggio MP3. Et pour cause ! Depuis son lancement, il y a 18 mois, plus de 8.600 exemplaires du scooter italien a 3 roues ont trouvé preneurs, dont près de 60 % en région parisienne.
Bien évidemment, c’est dans sa déclinaison 125 cm3 que le Piaggio MP3 a remporté le plus de succès. Conscients des multiples avantages qu’il offre en termes de sécurité (freinage, tenue de cap, sensibilité au vent…) et d’agrément de conduite, les automobilistes désireux de faire sauter les bouchons en passant de quatre à deux roues (trois en l’occurrence !) se sont rués sur ce scooter qui se conduit avec un simple permis B. Bien évidemment encore, les ventes des versions 250 et 400 cm3 arrivées quelque mois plus tard ont été plus anecdotiques du simple fait qu’elles imposaient, elles, d’être titulaire du permis A, le « vrai » permis moto.
Pourquoi imposaient ? Tout simplement parce qu’en exploitant intelligemment la réglementation européenne en matière d’engins motorisés (et pas en la contournant comme le disent certains), Piaggio a réussi à faire migrer ses MP3 250 et 400 cm3 de la catégorie des motocyclettes de plus de 125 cm3 à celle des tricycles à moteur. Pour y parvenir, Piaggio a donc apporté quelques modifications à ses MP3, ce qui leur vaut de bénéficier de l’appellation LT pour les distinguer des MP3 250 et 400 « normaux » qui, soit dit en passant, restent au catalogue.

Un habile tour de passe-passe

Pour faire homologuer ses MP3 en tricycles à moteur de plus de 50 cm3, Piaggio s’est simplement appliqué à satisfaire aux 5 conditions imposées par la réglementation.
● Le poids total du véhicule doit être inférieur à 1000 kg : les MP3 dépassent de peu les 200 kg
● La largeur des deux roues montées sur le même axe doit être égale ou supérieure à 460 mm : Piaggio a fait passer l’écartement des roues avant de 420 à 465 mm.
● Un dispositif de freinage doit permettre de freiner simultanément les 3 roues : aux deux classiques leviers de frein au guidon qui agissent, l’un sur le disque arrière, l’autre sur les deux disques avant, Piaggio a ajouté une pédale au pied droit qui commande l’ensemble du système de freinage.
● Le véhicule doit disposer d'un système d'éclairage spécifique : les MP3 250 et 400 cm3 reçoivent une veilleuse sur la face avant, des clignotants positionnés sur la partie la plus large du véhicule ainsi qu’un double éclairage de la plaque d'immatriculation
● Le véhicule doit être équipé d'un frein de parking : dès son lancement, le MP3 bénéficiait de cet équipement.
Et voilà, le tour est joué !

Quelques retouches esthétiques

En plus de ces modifications techniques propres aux MP3 LT, Piaggio s’est également fendu de quelques modifications esthétiques qui touchent l’ensemble de la gamme, le 125 cm3 donc, ainsi que les 250 et 400 « permis moto ».
Au menu, une calandre d‘inspiration automobile (Lancia ?), un pare-brise élargi pour garantir une meilleure protection et une selle redessinée dans sa partie postérieure pour améliorer le confort du passager qui dispose, de plus, d’une nouvelle poignée de maintien plus ergonomique et d’un dosseret. Quant à la roue arrière, elle passe de 12 à 14 pouces.
Bien entendu, tous les aspects pratiques du MP3 d’origine sont conservés : l’immense soute positionnée sous la selle accepte toujours des objets de un mètre de long et son ouverture se fait désormais par télécommande. Le train avant articulé bénéficie de série du système électro-hydraulique de blocage de la suspension qui permet de se passer de la béquille centrale et autorise, avec un peu d’habitude, l’arrêt complet et le redémarrage sans avoir besoin de poser les pieds au sol.

Plus de pêche pour plus de sécurité

Aux dires de Piaggio, les plus gros griefs adressés au Piaggio MP3 125 cm3 concernent essentiellement son manque de nerf au démarrage et sa vitesse de pointe un peu juste pour affronter sereinement les voies rapides où il est plus sécurisant de pouvoir dépasser les camions que d’être dépassé par eux. C’est son train avant articulé qui est à l’origine de la surcharge pondérale du MP3 et, par extension, de son manque de peps comparé à un scooter 125 classique. Au guidon du MP3 LT 250, les ex-possesseurs de la déclinaison 125 seront comblés. Avec 7,5 ch de plus (22,5 ch au lieu de 15), les accélérations sont évidemment plus franches (mais pas brutales) et la vitesse de pointe (105 km/h maxi avec le 125) gagne une bonne quinzaine de km/h. Pas de quoi crier au loup ! Un automobiliste déjà accoutumé au pilotage d’un scooter ne mettra pas sa vie en danger en passant de son 125 au MP3 250 LT. En revanche, avec le MP3 400 LT qui développe 34 ch, tout va beaucoup plus vite et l’on est en droit de se demander s’il est très raisonnable de piloter un tel engin sans l’apprentissage procuré par le permis moto ! Heureusement, les 1.000 euros qui séparent le 250 du 400 seront certainement un frein à sa diffusion.
Reste que nous ne saurions trop conseiller aux néophytes de participer à l’un (ou à l’ensemble) des trois stages de formation mis en place par Piaggio avec Monneret auto-école et le CER (Centre d’Education Routière). Comptez 135 euros par module (Initiation, perfectionnement et circulation) ou 390 euros pour les trois.

Des qualités routières préservées
Sur la route, hormis la pédale de frein qui limite l’espace disponible pour le pied droit, les différences entre un MP3 classique et un MP3 LT sont plutôt subtiles. J’ai pour ma part ressenti un léger déficit en maniabilité et une mise sur l’angle exigeant un peu plus de poigne sur la direction. La voie avant sensiblement élargie semble être également à l’origine de remontées plus sensibles au guidon sur les irrégularités de la chaussée. Rien de rédhibitoire donc compte tenu des avantages toujours procurés par les trois roues, à commencer par des distances de freinage raccourcies de plus de 20 % par rapport à un scooter classique, même équipé d’un ABS. Aux dires des assureurs, il y a d’ailleurs très peu d’accidents impliquant des Piaggio MP3.