Les zones à faibles émissions (ZFE) s’étendent à travers l’Europe pour améliorer la qualité de l’air contaminé par les voitures et les véhicules polluants dans les villes. Récemment, des chercheurs britanniques ont étudié et mesuré les bénéfices sanitaires dans ces espaces publics de circulation.
Des chercheurs démontrent les bénéfices sanitaires des zones à faibles émissions
Une récente étude menée par des chercheurs de l’Imperial College London vient confirmer les bénéfices sanitaires des zones à faibles émissions (ZFE) et des zones de péages urbains (CCZ). Publiée dans le prestigieux journal The Lancet Public Health, cette analyse approfondie s’est penchée sur les conséquences de ces initiatives sur la santé publique dans plusieurs villes du Royaume-Uni, d’Europe et d’Asie. Cependant, l’étude n’a pas inclus l’évaluation des bénéfices sanitaires de la zone à très faibles émissions de Londres (ULEZ). Dans cet endroit, les voitures électriques et vertes sont autorisées à rouler, tandis que les propriétaires de véhicules polluants doivent payer une redevance pour circuler.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont minutieusement passé en revue plus de 2 000 études, avant de se concentrer sur les seize enquêtes publiées entre 2005 et 2022 qui traitaient spécifiquement des ZFE et des CCZ implantées dans des métropoles telles que Tokyo, Milan et Londres. Cette approche rigoureuse a permis d’obtenir des données fiables et probantes quant aux bénéfices sanitaires de ces mesures pour les citadins ainsi que l’utilisation de voitures propres.
ZFE : une lueur d’espoir pour les grandes villes face à la pollution atmosphérique
Les résultats de cette étude viennent soutenir l’argument selon lequel les ZFE et les CCZ jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de l’air urbain. Les bénéfices sanitaires sont également évoqués dans le rapport, offrant ainsi une lueur d’espoir pour les grandes métropoles confrontées à des problèmes de pollution atmosphérique et de maladies liées aux véhicules polluants.
Plus d’une dizaine d’agglomérations françaises, parmi laquelle le Grand Paris, Lyon et Aix-Marseille, ont déjà mis en place des zones à faibles émissions afin de lutter contre la pollution atmosphérique en interdisant l’accès aux véhicules polluants. Il faut noter que cette interdiction ne concerne tous les modèles thermiques. Les voitures Crit’Air 1 sont par exemple autorisées à y circuler. Toutefois, cette mesure sera étendue d'ici à 2025 à l’ensemble des 43 agglomérations françaises comptant plus de 150 000 habitants. Cette décision suscite néanmoins de vives controverses dans l’Hexagone, comme l’a révélé une consultation sénatoriale récente, qui a recueilli plus de 51 000 réponses.
Malgré les effets sur la qualité de l’air, la population reste sceptique face à ces dispositions
Bien que les bénéfices sanitaires aient été confirmés, notamment en améliorant la qualité de l’air, les résultats de cette consultation montrent clairement que les ZFE ne font pas l’unanimité auprès de la population. En effet, 86 % des particuliers et 79 % des professionnels interrogés font objection à la mise en place de ces zones. De plus, 83 % des particuliers affirment qu’ils n’ont pas l’intention de changer de véhicule pour pouvoir accéder à ces endroits, que ce soit en dépit des amendes encourues ou non.
Rosemary Chamberlain, chercheuse à l’Imperial College London, a souligné la difficulté de mesurer l’impact de telles initiatives. Elle a cependant assuré que cette étude permettait de rassembler des données globales afin de mieux comprendre l’efficacité des ZFE et des CCZ en termes d’amélioration de la santé publique. Selon elle, des preuves concrètes de bénéfices sanitaires à court terme ont été identifiées, en particulier en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires et les traumatismes causés par les accidents de la route.
Grâce à ces données, les experts pourront orienter au mieux les stratégies destinées à améliorer la qualité de l’air et à promouvoir les bénéfices sanitaires associés à la réduction de la circulation automobile. Ce qui fournit ainsi des arguments solides en faveur de l’adoption et de l’expansion des zones à faibles émissions et des péages urbains.
Diminution de l’hypertension et des maladies cardiovasculaires : des impacts positifs confirmés
À l’issue de l’analyse, les chercheurs ont mis en évidence les bénéfices sanitaires des zones à faibles émissions. Les experts ont en effet relevé une diminution significative de 4,6 % de l’hypertension artérielle en Allemagne et une réduction de plus de 11 % des décès liés aux maladies cardiovasculaires au Japon, d’après la majorité des études examinées.
Cependant, seulement deux études ont signalé une baisse des maladies respiratoires associée à la mise en place des ZFE dans les villes étudiées. Étant donné le nombre limité d’études incluses dans cette analyse, des recherches supplémentaires plus approfondies seront nécessaires afin de confirmer les bénéfices sanitaires à long terme de ces endroits pour les usagers de la route et tous les citoyens. Malgré la nécessité de poursuivre les investigations, ces premières observations apportent des arguments solides en faveur de l’expansion des ZFE grâce à leurs bénéfices sanitaires.
Promouvoir les voitures électriques tout en adressant les préoccupations socio-économiques
Le Dr Anthony Laverty de l’Imperial College London évoque l’intérêt d’une réflexion minutieuse sur la mise en place des interventions basées sur des pénalités financières pour encourager le changement. Un argument souvent avancé contre ces espaces est qu’ils peuvent avoir un impact disproportionné sur les personnes à faible revenu qui ne sont pas forcément en mesure d’acquérir des voitures électriques ou des voitures propres récentes. Cependant, il souligne que la mauvaise qualité de l’air et les problèmes de santé qui en découlent affectent souvent de manière plus sévère les personnes économiquement vulnérables.
Il est donc crucial de s’attaquer à ce problème pour lutter contre la pollution atmosphérique et tirer profit de bénéfices sanitaires de tels dispositifs. Le Dr Laverty précise également qu’il est important de surveiller de manière continue et d’évaluer les mesures mises en place. Cette étude, ainsi que d’autres données, soutiennent les efforts qui ont pour objet de réduire l’utilisation des véhicules polluants anciens.
Lutte contre la pollution : les véhicules polluants toujours dans le viseur de l’Union européenne
Les véhicules polluants sont une source majeure de gaz à effet de serre (GES) et de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Selon le Citepa, en 2020, le transport routier était à l’origine de 94,7 % des rejets du secteur des transports, soit 107,5 millions de tonnes de CO2 équivalents. La moitié de ces rejets provenait des voitures particulières des ménages qui représentaient 53,5 % des émissions des transports, soit 60,7 millions de tonnes équivalents de CO2.
La crise sanitaire a entraîné une chute historique des rejets de GES du transport routier en 2020 (- 16,3 % par rapport à 2019), mais cette baisse pourrait être temporaire si les déplacements reprennent à leur niveau d’avant la pandémie. Par ailleurs, la pollution atmosphérique due au trafic automobile a des effets néfastes sur la santé publique. Selon l’Insee, la concentration en monoxyde de carbone, un polluant nocif pour le système cardiovasculaire et respiratoire, augmente lors des perturbations des transports en commun. Pour remédier à cela et pour faire profiter des bénéfices sanitaires d’un environnement à moindres rejets de CO2, l’Union européenne a d’ailleurs levé l’interdiction à la vente des voitures thermiques à partir de 2035. Cela concerne les autos qui carburent à l’essence ou au gazoil. Les voitures thermiques roulant avec des carburants de synthèse comme l’hydrogène vert, peuvent être commercialisés.
Retrouvez la suite de l’étude sur les bénéfices sanitaires des ZFE sur la page Facebook de ParuVendu.
Avec ETX / DailyUp
David Lefebvre le 23/08/2023
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