Construction béton : quel avenir pour le ciment ?

Les acteurs majeurs de la construction béton s’interrogent sur l’avenir de leur matériau face à son lourd impact environnemental, notamment l’utilisation du ciment. Responsable d’environ 40 % des émissions de CO2 à l’échelle, le secteur du bâtiment cherche à réduire son empreinte carbone.

La construction béton : un modèle à déconstruire pour l’environnement

La construction béton est l’un des secteurs les plus impactant pour l’environnement. Face à la crise climatique, à la disparition accélérée de la biodiversité et à l’épuisement des ressources naturelles, le secteur du bâtiment et de l’immobilier doit s’adapter pour réduire son empreinte carbone. Christine Leconte, présidente de l’Ordre national des architectes en France, appelle à « déconstruire » ce modèle de construction béton qui est responsable du réchauffement climatique, de la perte de la diversité biologique et de l’exploitation des ressources naturelles, notamment du sable. Ainsi, les acteurs des programmes neufs doivent réfléchir à des alternatives à la construction béton en optant pour des matériaux propres et durables.

Des alternatives pour décarboner et réduire l’empreinte carbone en Europe

Selon Xavier Chateau, directeur de recherche au CNRS, spécialisé en sciences des matériaux (laboratoire Navier), la réduction de 25 % du volume de ciment consommé dans le monde pour la construction béton permettrait de compenser l’empreinte carbone et toutes les émissions de CO2 générées par le transport aérien. Les ingrédients des bétons sont le ciment, le gravier, le sable et l’eau. Toutefois, les expérimentations pour une alternative se multiplient et l’Europe est en tête du mouvement. Des matériaux alternatifs sont en cours d’expérimentation, ainsi que la réduction du poids des matériaux, la construction béton 100 % recyclée et le réemploi des bâtiments pour réduire l’étalement urbain. Face aux trois grandes crises environnementales actuelles, le secteur du logement doit accélérer sa transition écologique pour s’adapter aux enjeux du 21e siècle.

L’avenir du secteur du bâtiment passe par l’économie circulaire : bois, chanvre, paille, terre crue

Selon le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) de 2019, le secteur du bâtiment, notamment la construction béton, engendre environ 39 % des émissions de CO2 sur le plan mondial, dont 8 % dues à la production de mortier. Selon l’association française Negawatt, la production de 1 m³ de bétons émet environ 250 kg de gaz carbonique, soit l’équivalent des rejets d’un véhicule parcourant 1 400 km. En réponse à ce constat, l’Union européenne a mis en place en 2018 un plan d’action sur l’économie circulaire, incluant notamment la réduction de l’utilisation de matières premières et la promotion de matériaux alternatifs tels que le bois, le chanvre, la paille ou encore la terre crue pour l’édification d’un bien immobilier. Les maisons en Alsace à ossature en bois sont de bons exemples de logements écologiques. Des acteurs majeurs du bâtiment, tels que LafargeHolcim et Saint-Gobain, se sont également engagés à réduire leur empreinte carbone, en expérimentant des bétons à moindre impact ou encore des procédés de capture de gaz carbonique. Face aux enjeux climatiques, la transition écologique du logement est devenue un impératif pour sauver la planète.

Des constructeurs innovent pour un ciment net zéro afin de réduire les émissions de CO2

L’Association mondiale du ciment et du mortier (GCCA) souhaite aider ce matériau à se décarboner et réduire son impact sur l’environnement. Dans cette optique, l’association a lancé un appel mondial aux start-up pour trouver des solutions innovantes permettant d’arriver à un mortier « net zéro » en 2050. Parmi cela, l’édification de bâtiments en terre crue, un matériau durable et utilisé dans les temps anciens pour construire un logement, pourrait être une option de choix.

Selon Thomas Guillot, président de l’association, le mortier est un matériau incontournable, mais il est urgent de trouver des solutions pour remplacer le clinker, responsable de la majorité des émissions de CO2 lors de la production du ciment. Plusieurs constructeurs, dont le groupe Cemex au Mexique et Ecocem en Irlande, ont déjà testé l’utilisation de déchets de sidérurgie, le « laitier ». Holcim éprouve d’autres méthodes, comme le mélange d’argile calcinée avec du calcaire broyé. Les cimentiers poussent également pour obtenir des aides publiques pour développer le captage du gaz carbonique émis. Si ces innovations étaient déployées à grande échelle, l’empreinte carbone de ce matériau et de l’industrie de l’immobilier serait réduite de 70 %, contribuant à une baisse de 4 % des rejets de gaz à effet de serre mondiaux.

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Avec ETX / DailyUpc