Date de commercialisation : juillet 2003 / Date de l'essai : juin 2003
Développé dès le début de l'étude du projet Mégane II, le break compact de Renault, baptisée Estate en bon français, n'a rien d'une pièce rapportée étudiée à la hâte pour combler un trou dans la gamme. Cela étant dit, et même s'il ne répond pas à une demande expresse de la part des automobilistes français, il s'intercale néanmoins parfaitement entre la berline 5 portes dont l'habitabilité aux places arrière n'est pas la qualité première, et le Scénic II dont la modularité n'est pas forcément un critère d'achat suffisant pour pousser certains automobilistes à passer de la berline au monospace, même compact.
La Renault Mégane Estate partage 80% de ses éléments avec la berline 5 portes. Mais outre le traité de sa partie arrière forcément différent… et un peu moins tourmenté, elle en diffère par sa plate-forme sensiblement rallongée au niveau de l'empattement (+61 mm) et du porte à faux arrière (+ 22,8 cm). Voilà qui porte la longueur totale de la Mégane Estate à 4,50 m contre 4,21 m pour la berline.
La majoration de l'empattement bénéficie intégralement aux passagers arrière qui disposent ainsi de beaucoup plus de place pour leurs jambes que dans la berline. Le rayon au genoux (230 mm) devient même le plus important du segment. L'augmentation de l'espace a aussi permis d'augmenter de 2° l'inclinaison du dossier de la banquette arrière ce qui rend la position de ses occupants beaucoup plus relax. De plus, l'accès aux places arrière est beaucoup plus aisé que dans la berline 5 portes car Renault a profité de l'augmentation de l'empattement pour agrandir les portes arrière de 6 cm environ.
Quant au porte à faux arrière rallongé, il génère un volume de chargement de 520 dm3 sous tablette, soit 35 dm3 de plus que dans le premier break Mégane. La Renault Mégane Estate II est ainsi à égalité avec la Ford Focus clipper mais passe devant la Peugeot 307 break (503 dm3) et la Citroën Xsara break (517 dm3).
Banquette arrière rabattue, la contenance globale passe à 1.600 dm3 (1.675 dm3 pour la 307 break, 1.512 dm3 pour la Xsara break et 1.580 dm3 pour la Focus Clipper).
Question modularité, la Renault Mégane II Estate se contente de rester un vrai break et ne tente donc pas de copier les monospaces. Elle n'offre pas de sièges arrière indépendants ou de banquette coulissante mais offre dès le second niveau d'équipement une banquette asymétrique dont l'assise et le dossier rabattable (sans avoir à ôter les trois appuie-tête) permettent d'obtenir un plancher pratiquement plat.
La recherche d'une imposante contenance pour le compartiment de charge n'a pas empêché les stylistes de Renault de soigner les lignes de la Mégane II Estate. Oublié le tracé insipide de la version précédente !
Le nouveau break revendique clairement une filiation avec la Renault Laguna Estate dont il emprunte l'esprit "touring". Le "pincement" vers l'arrière des lignes maîtresses de la carrosserie (pavillon, ceinture de caisse, surface vitrée), associé aux arches de roues fortement marquées, confère un profil particulièrement dynamique à la voiture qui affiche même un look carrément sportif lorsqu'elle bénéficie des jantes alliage de 17" disponibles en option. De là à penser que le break Renault Mégane II pourrait faire de l'ombre au beau break Laguna, il n'y a qu'un pas que nous serions presque tenté de franchir !
Comme les Renault Mégane berlines, les breaks offrent la possibilité de personnaliser leur habitacle en combinant une ambiance intérieure (Authentique, Expression, Dynamique et Privilège) et un niveau d'équipement (Mégane, Pack, Confort, Sport et Luxe). Comme il est impossible de décrire ici toutes les combinaisons disponibles, disons pour résumer que les ambiances Authentique et Dynamique proposent une dominante foncé tandis que l'habitacle se pare de couleurs claires avec les ambiances Expression et Privilège.
Hormis le niveau d'équipement de base "Mégane" qui propose la climatisation en option, tous les autres niveaux proposent cet équipement de série. Ensuite, il faut grimper en gamme, ou recourir aux options, pour bénéficier des innovations issues des véhicules haut de gamme de la marque comme la carte d'accès et de démarrage "mains libres", le régulateur/limiteur de vitesse, le capteur de pluie, l'allumage automatique des phares, le système audio Cabasse ou les différents systèmes de navigation.
L'ABS est bien sûr de série sur l'ensemble de la gamme, ce qui n'est pas le cas de l'ESP qui n'est proposé qu'en option (sauf sur la version de base) au prix toutefois raisonnable de 500 €. Ne quittons pas le domaine de la sécurité sans signaler une imposante batterie d'airbags, deux frontaux, deux latéraux intégrés aux sièges avant et deux rideaux destinés à la protection de la tête des passagers avant et arrière, qu'il s'agisse d'enfants ou d'adultes.
Le Renault Mégane II Estate reprend intégralement la palette de motorisations de la berline. En essence, on trouve donc un 1.4 l 16v de 98 ch, un 1.6 l 16v de 115 ch et un 2.0 l 16v de 136 ch. En Diesel, on retrouve le petit 1.5 dCi dans sa version la plus puissante actuellement (80 ch) ainsi que l'excellent 1.9 dCi de 120 ch. Plus tard arrivera une version poussée à 100 ch du 1.5 dCi qui n'aura pas de trop de ses 20 ch supplémentaires pour animer avec suffisamment d'énergie une voiture appelée à être souvent lourdement chargée.
En attendant, c'est avec le 1.9 dCi que la Renault Mégane II Estate est la plus plaisante à conduire. En s'installant sous son capot, il en profite pour bénéficier d'un peu plus de couple (300 Nm à 2.000 tr/min au lieu de 270 Nm au même régime), une amélioration qui profite bien entendu à l'ensemble de la gamme. Silencieux, exempt de vibrations, linéaire et prompt à répondre dès les plus bas régimes, ce moteur ne mérite que des éloges, ce qui n'est pas le cas des motorisations essence qui, même pour la plus puissante d'entre elles, paraissent un peu "creuses". Toujours est-il qu'en dépit d'un poids forcément en hausse, les performances de l'ensemble des versions breaks ne sont qu'en très léger recul par rapport à la berline.
Quant au comportement routier, il est en tous points aussi radicalement efficace en combinant un amortissement d'une rare efficacité à une tenue de route irréprochable.
Reste la direction à assistance électrique qui, si elle ne nuit en rien à la précision du train avant, surprend toujours un peu par son feeling particulier.
Mais c'est encore une fois le seul reproche qu'il me semble possible d'adresser à cette version de la Renault Mégane II qui, par son allure, son confort, son habitabilité, sa capacité de charge, son silence de roulage et son comportement routier impossible à prendre en défaut, s'impose comme la nouvelle référence des breaks compacts.
D. Allignol
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