Date de commercialisation : octobre 2000 / Date de l'essai : décembre 2000
Depuis toujours Saab est fier de son image de constructeur « à part ». Il n'empêche ! Même si son statut de spécialiste lui permet de conserver sa précieuse originalité, le constructeur suédois, aujourd'hui tombé dans le giron de la tentaculaire General Motors, ne peut échapper à certaines modes, et à plus forte raison à celles qui ont la vie dure... comme le Diesel par exemple !
EN DIESEL, C'EST L'INFLATION !
Les constructeurs faisant tout leur possible pour conférer aux motorisations à mazout des performances pratiquement identiques à celles des moteurs à essence, on assiste à une formidable escalade des niveaux de puissance.
Et alors que l'on s'extasiait il n'y a pas si longtemps sur les 90 ch des premiers TDi du groupe Volkswagen, 120 ch semblent être désormais un minimum pour animer une bonne berline familiale.
UN PEU PLUS DE PUNCH
Face aux 120 ch de la Renault Laguna dCi, aux 130 ch de la Volkswagen Passat, aux 136 ch de la Peugeot 406 et aux 140 ch de l'Alfa 156, la Saab 9-3 ne pouvait opposer jusqu'à alors que les 115 ch de son quatre cylindres 2,2 litres à injection directe. Une injection directe qui se passait des technologies Diesel les plus avancées (« Common Rail » ou injecteurs-pompes)... et qui continue à la faire sur cette première évolution du tout premier moteur Diesel Saab.
Entre parenthèses, on attend le second, un six cylindres d'origine Isuzu, qui sera monté sous le capot de la grande 9-5.
C'est donc sans avoir recours aux systèmes les plus sophistiqués que les motoristes de Saab ont réussit à faire grimper la puissance du 2,2 l de 115 à 125 ch. Outre quelques renforcements autour des sièges de soupapes et de nouveaux pistons à canaux de refroidissement, le quatre cylindres reçoit une nouvelle gestion moteur ainsi qu'un nouveau turbo à ailettes à géométrie variable. Dans l'opération il gagne donc 10 ch et voit également son couple maxi passer de 260 Nm à 280 Nm, une valeur conséquente, disponible de surcroît dès 1.500 tr/mn.
EFFICACE MAIS RUGUEUX
10 ch et 20 Nm de plus suffisent pour améliorer de manière très sensible les performances de la 2,2 TiD. Le couple placé très bas favorise en particulier les reprises : en quatrième, elle passe de 60 à 100 km/h en 8,1 secondes et, sur le cinquième rapport, 11,9 secondes lui suffisent pour passer de 80 à 120 km/h. En vitesse de pointe comme en accélération la suédoise se débrouille aussi fort bien puisqu'elle atteint facilement 200 km/h et passe de 0 à 100 km/h en 10 ,5 secondes seulement.
Tout cela s'accompagnant de consommations en baisse (6,2 l/100 km en moyenne au lieu de 6,7 l/100 km), les objectifs visant à améliorer puissance, souplesse, nervosité et sobriété sont donc atteints. Le bilan serait donc extrêmement positif si ce moteur performant ne nous rappelait, par ses vibrations et son niveau sonore élevé, des mécaniques appartenant presque déjà à un autre âge.
Il n'y a là rien de rédhibitoire cependant, puisque ces manifestations sonores et vibratoires ne se font réellement gênantes qu'en dessous de 1.500 tr/mn. Au-delà, tout rendre dans l'ordre et l'on peut alors profiter de tout ce qui fait le charme d'une Saab.
UNE SÉDUCTION BIEN À ELLE
Avec sa planche de bord « style aviation » à nulle autre pareille, son habitacle un peu étriqué (mais le coffre est immense !) et sa fameuse clé de contact positionnée en arrière d'un levier de vitesses qu'il faut placer sur la marche arrière pour pouvoir la retirer, la Saab vous gratifie d'une ambiance qu'il est impossible de retrouver dans une autre voiture. On apprécie aussi l'excellente position de conduite et la bonne ergonomie des commandes, à l'exception de celle des quatre vitres électriques difficiles à atteindre entre les deux sièges avant.
A une finition soignée, la Saab 9-3 2,2 TiD ajoute un niveau d'équipement satisfaisant. Le niveau de base offre l'essentiel en terme de confort et de sécurité (ABS, airbags frontaux et latéraux, vitres et rétroviseurs électriques, volant réglable, clim manuelle...) mais il faut grimper jusqu'au niveau Pack (réservé au marché français) pour bénéficier :
Notre voiture d'essai bénéficiait du niveau supérieur SE (bonjour les gâtés) qui confère à la voiture une allure plus sportive grâce à des boucliers avant et arrière couleur carrosserie (idem pour les jupes de bas de caisse) et des jantes alliage de 16''. Le bouclier avant intègre des phares antibrouillard, la planche de bord s'orne de placages en (vrai) bois, les sièges se garnissent d'un très beau cuir et les parcours autoroutiers sont rendus moins fastidieux grâce à un régulateur de vitesse.
UN COMPORTEMENT ROUTIER SÉCURISANT
A cause certainement des difficiles conditions de roulage auxquelles doivent faire face les automobilistes suédois, les Saab se sont toujours caractérisées par un comportement routier sécurisant à défaut d'être amusant.
Les ingénieurs de Saab se sont cependant attachés à rendre la Saab 9-3 un peu plus incisive en raffermissant légèrement l'amortissement. La voiture, qui paraît ainsi moins lourde de l'avant, prend également moins de roulis en courbe.
Toujours aussi saine, à peine moins confortable, la Saab 9-3 soutient aujourd'hui la comparaison avec ses principales rivales sur lesquelles elle conservera toujours l'avantage de son image « classieuse » et même un peu snob. Nous, on adore !
D. Allignol