Gallimard
Les
essais,1969-
Il
n'est
nul
moyen
de
concilier
l'idée
d'un
dieu
honorable
avec
l'évidente
omniprésence
du
mal.
Dans
les
commencements,
quelque
chose
d'innommable
a
dû
se
passer,
qui
a
vicié
l'existence
pour
toujours.
Nous
ne
pouvons
admettre
que
le
dieu
bon,
le
"Père",
ait
trempé
dans
le
scandale
de
la
création.
La
bonté
ne
crée
pas,
elle
manque
d'imagination
;
or
il
en
faut
pour
fabriquer
un
monde,
si
bâclé
soit-il.
La
vérité
est
que
nous
sommes
sortis
des
mains
d'un
dieu
maudit,
auquel
nous
nous
agrippons
avec
nos
misères
et
nos
tares
:
rien
ne
nous
flatte
tant
que
de
pouvoir
placer
la
source
de
notre
indignité
dans
les
agissements
d'un
créateur
pervers.
Nous
singeons
sa
déplorable
inaptitude
à
demeurer
en
soi-même,
nous
perpétuons
son
?uvre,
car
procréer,
c'est
se
rendre
complice
d'un
forfait
originel.
Tout
engendrement
est
suspect
;
les
anges
par
bonheur
y
sont
impropres,
la
propagation
de
la
vie
étant
réservée
aux
déchus.
Le
mauvais
démiurge
n'est
cependant
pas
un
livre
essentiellement
sombre.
Il
finit
en
tout
cas
sur
une
note
sereine
:
"Nous
sommes
au
fond
d'un
enfer
dont
chaque
instant
est
un
miracle."
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