Immobilier et écologie : Bordeaux-Euratlantique, ce projet urbain vise la neutralité carbone

 
Bordeaux-Euratlantique, un projet urbain colossal pour une mini ville zéro carbone. Ce quartier d'affaires se transforme en municipalité mixte et résiliente grâce à des logements et un parc immobilier adaptés aux enjeux climatiques et politiques.

Bordeaux-Euratlantique : un projet urbain ambitieux et durable

Le projet d’aménagement urbain d'envergure Bordeaux-Euratlantique s'inscrit dans une nouvelle phase, bénéficiant d'une extension de dix ans, jusqu'à l'horizon 2040. Il s’accompagne aussi d'un budget revu à la hausse, atteignant 150 millions d'euros. L'objectif demeure inchangé, visant à accueillir 50 000 habitants et créer 30 000 emplois sur un vaste territoire de 738 hectares composé de friches ferroviaires et industrielles s'étendant à travers la région bordelaise, Bègles et Floirac, des communes riveraines de la Garonne.

Cependant, les nouvelles orientations de Bordeaux-Euratlantique se distinguent par des exigences environnementales et sociales plus élevées. Valérie Lasek, directrice générale de l'Établissement public d'aménagement (EPA) Bordeaux-Euratlantique, révèle une vision audacieuse : la construction d'une ville alignée sur la trajectoire de la neutralité carbone incluant des bâtiments et logements neufs écologiques. Ce rehaussement du cahier des charges témoigne de l'engagement envers un développement durable et responsable, plaçant Bordeaux-Euratlantique à l'avant-garde des grands projets urbains.

Vers une ville zéro carbone : la vision audacieuse du maire écologiste de la commune

Pierre Hurmic, le maire écologiste de l’agglomération bordelaise, annonce une vision audacieuse pour Bordeaux-Euratlantique, une ville zéro carbone. Il souligne la nécessité de la "solarisation des nouveaux quartiers en plus de leur raccordement au réseau de chaleur". Le projet voit également un engagement accru en faveur du logement social (immeuble avec appartements à louer ou à vendre), avec un objectif relevé de 35 à 40%, visant à combler le retard de la métropole (actuellement à 19%, en deçà des 25% exigés par la loi SRU).

Le maire, conscient des défis, déclare : "Ce n'est pas encore la ville à 100% de nos rêves, mais c'est une importante opération réorientée dans une direction bien plus en phase avec l'urgence climatique." Une déclaration saluant le changement de cap du projet Bordeaux-Euratlantique, qui, en juin 2023, était encore considéré comme un "caillou dans la chaussure" de l'élu.

Cadre de vie : comment le programme de quartier d'affaires s'adapte aux enjeux locaux

L'opération déclarée d'intérêt national en 2009, à l'initiative du président socialiste de l'intercommunalité, Vincent Feltesse, avait originellement pour objectif la création d'un nouveau quartier d'affaires d'envergure. Sous la houlette de l'ancien maire Alain Juppé, la vision initiale était axée sur le développement de bureaux d'affaires et de secteurs tertiaires de haut niveau, tout en intégrant la dimension résidentielle. L'idée sous-jacente était d'ancrer la commune bordelaise dans la compétition entre les grandes métropoles européennes, avec la perspective d'une métropole millionnaire.

Le maire écologiste de Bègles, Clément Rossignol-Puech, actuel président du conseil d'administration de l'EPA, rappelle ce changement d'orientation, soulignant l'évolution de la stratégie vers la création d'un quartier d'affaires majeur au sein de Bordeaux-Euratlantique.

Les difficultés pour changer les projets de logements

Depuis sa surprenante élection en juin 2020, Pierre Hurmic a occupé le poste de maire, mais a fait face à des défis pour infléchir les projets de logements et urbains en cours, notamment celui de la rue commerçante de la gare à la Garonne. Malgré ses efforts, il n'a réussi qu'à obtenir des modifications, telles qu'une augmentation de l'espace dédié à l'économie sociale et solidaire. Regrettant la difficulté de négocier avec des promoteurs bénéficiant de contrats, il souligne : "J'ai eu en face de moi un promoteur disposant d'un contrat qui, à mon sens, n'avait pas été négocié".

Gilles Pinson, professeur et spécialiste des Établissements Publics d'Aménagement (EPA), explique que même en tant qu'EPA, les maires ont des limites pour remettre en question des opérations préexistantes sans de lourds dédommagements.

Immobilier : une municipalité qui concilie urbanisme et écologie

Dans un quartier menacé par la "bétonisation à outrance", dénoncée par le collectif d'habitants Amédée Sacré-Cœur, le maire Pierre Hurmic a instauré un moratoire et négocié un parc d'un peu plus d'un hectare, financé par l’agglomération. Malgré cette avancée, le collectif persiste, réclamant un véritable parc de deux hectares, déposant même un recours.

La nouvelle feuille de route met l'accent sur la concertation des habitants, la végétalisation et la désimperméabilisation des sols. Valérie Lasek, directrice générale de Bordeaux-Euratlantique, souligne : "Il y a eu une demande forte de la ville d'interroger le projet au prisme de ses priorités politiques". La pression immobilière suscite ainsi un dialogue crucial entre la municipalité et les collectifs citoyens pour façonner l'avenir de Bordeaux-Euratlantique.

Des enjeux politiques et économiques sous la direction de Valérie Lasek

La nomination de Valérie Lasek en tant que directrice générale de Bordeaux-Euratlantique en 2021 n'a pas été anodine, souligne Gilles Pinson, expert en urbanisme. Bien qu'officialisée en conseil des ministres, cette nomination est inévitablement influencée par les équilibres politiques locaux.

Au-delà de la dimension politique, Valérie Lasek doit également faire face à des défis économiques. La crise immobilière, impactant durement les promoteurs, met en péril l'équilibre financier du projet. "On a subi un coup d'arrêt très brutal", concède Valérie Lasek, notant la perte de réservataires malgré des commercialisations prometteuses. La directrice générale s'engage ainsi dans un rôle complexe, jonglant entre impératifs politiques et contraintes économiques pour assurer le succès de Bordeaux-Euratlantique.

Comment le programme gère la crise immobilière et les ajustements nécessaires

Pour maintenir la progression du projet d’écoquartierEuratlantique, des ajustements pourraient être inévitables. Parmi cela, le "prix de sortie des logements libres" qui est actuellement encadré et inférieur à la moyenne de la métropole comptant plus de 800 000 habitants et accueillant en moyenne 10 000 nouveaux arrivants par an. Valérie Lasek, la directrice générale de Bordeaux-Euratlantique, reconnaît la complexité de l'équation économique lorsque "tous les curseurs sont au maximum".

Dans ce contexte, l'espoir réside dans le caractère potentiellement conjoncturel de la crise immobilière. Clément Rossignol-Puech plaide pour que "la puissance publique continue à jouer son rôle" afin de garantir le succès du projet malgré les défis économiques actuels.

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Avec ETX / DailyUp