De plus en plus d’architectes se tournent aujourd’hui vers le bâtiment en terre crue. Cette construction écologique, comparé au ciment, utilise un matériau naturel et ancestral. Elle affiche de nombreux avantages pour l’habitat durable et permet de combattre le réchauffement climatique.
Le bâtiment en terre crue : une des édifices les plus anciennes
La fabrication de bâtiment en terre crue est l’un des procédés les plus anciens et aussi le plus répandu à travers le monde. En France par exemple, on retrouve encore plusieurs bâtisses fabriquées dans ce matériau naturel, comme les maisons en Alsace, en région Auvergne-Rhône-Alpes ou en Normandie. D’après les auteurs du livre de référence "Traité de construction en terre" réédité en 2006, un tiers de l'humanité vit dans un habitat naturel de ce type, soit plus de deux milliards de personnes dans 150 pays. Emmanuel Keita, enseignant à l'école des Ponts et Antonin Fabbri et directeur de recherche, précise dans un article commun consacré au sujet que ce matériau friable et le bâtiment en terre crue représenterait environ 15% du patrimoine bâti.
Les différentes techniques de construction écologique avec ce matériau
On peut classer la construction écologique de bâtiment en terre crue en 3 méthodes principales : les techniques porteuses, les techniques de remplissage et les enduits. Pour le dressage de murs porteurs, voici les différentes façons d’utiliser la matière : le pisé, la bauge, l’adobe, la brique extrudée et le BTC. Le pisé a été employé par exemple pour édifier l'Alhambra de Grenade dans l'Espagne médiévale, la ville de Dariya en Arabie Saoudite ou l’église de la réconciliation à Berlin en 2001.
Pour les techniques de remplissage, la structure peut emprunter différents procédés comme le torchis (terres mélangées à des fibres végétales) et le mélange avec de la paille. Le torchis est entre autres utilisé pour la conception de bâtiment en terre crue à colombages.
Une construction écologique remplacer le ciment et combattre le réchauffement climatique
Le bâtiment en terre crue se présente comme une construction écologique et affiche un avantage non négligeable sur le plan environnemental. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il attire de plus en plus les architectes. Comme il ne nécessite aucune cuisson et n’a subi aucune transformation, les immeubles construits à partir de ce matériau naturel et matière crue offrent des performances non négligeables en matière d’émission de dioxyde carbone (quasi nulle). Selon les constats, un kilo de ciment émettrait un kilo de CO2, tandis qu’un kilo de matière organique du sol n’en émet aucun. D’autant plus que cette matière est largement disponible et 100% recyclable. Et lorsque les industries locales existent, son exploitation n’aura pas d’impact lié au transport.
Cette analyse a été réalisée par Xavier Chateau, directeur de recherche en sciences des matériaux au laboratoire Navier (CNRS-Ecole nationale des Ponts et Chaussées). Selon lui, si on arrivait à réduire la quantité de ciment consommé dans le monde de 25%, comme avec le bâtiment en terre crue, c'est comme si on éliminait l'impact sur le climat de tous les transports en avion. Ainsi, le bâtiment en terre crue s’avère être une bonne alternative pour construction écologique qui contribuerait à réduire le risque de réchauffement climatique.
Des avantages sur le plan thermique pour l’habitat durable
Le bâtiment en terre crue garantit un bon niveau de confort pour les habitants. En contact avec l’air intérieur, elle assure un rôle de régulateur naturel d’humidité. Dotée d’une densité élevée, elle affiche une excellente inertie thermique, en stockant et déstockant la chaleur. De par sa texture assez variable, une structure en glaise brute offre également un rendement très intéressant sur le plan esthétique et en matière d’isolation phonique. Il se révèle être ainsi une option rentable pour l’habitat durable.
Un matériau naturel qui a ses limites
Malgré ses nombreux avantages, le bâtiment en terre crue n’est pas sans inconvénients. En effet, ce matériau naturel possède ses fragilités qu’il faut tenir compte en fonction du type de terrain à construire ainsi que sa localisation géographique. Le risque d’éboulement de ce type de structure existe surtout lorsque la matière n’est pas bien travaillée. Il n’est d’ailleurs pas rare que la presse locale rapporte des éboulements de bâtisses en pisé. C’est le cas de l’immeuble de quatre étages qui s’est écroulé à Chaponost dans le Rhône entre autres en novembre 2022 et celui de l’édifice à la Tour-du-Pin en Isère le 22 décembre 2022.
Pour éviter ce genre d’incident avec le bâtiment en terre crue, certains incorporent du ciment, du laitier de sidérurgie, de l’argile comme liant, de la chaux ou encore des produits biosourcés comme le chanvre ou la paille. Cela permet de consolider la matière et la rendre hydrofuge afin de garantir l’habitat durable. Un autre point important aussi est que le bâtiment en terre crue est difficile à assurer. Cela est dû à sa grande variabilité en termes de texture, de consistance et même d’apparence. Aussi, sa mise en œuvre peut engendrer des coûts importants puisqu’il faudra procéder à de l’expérimentation auprès du Centre Technique du Bâtiment.
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Avec ETX / DailyUp
Guillaume chauvard le 27/08/2024
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