La plupart des automobilistes l’ignorent, mais les carburants « classiques » leur permettent déjà de rouler (un tout petit peu) « bio ». Depuis plusieurs années, super sans plomb et diesel incorporent en effet, mais à dose homéopathique, des biocarburants d’origine agricole. En France, le super contient ainsi 1,3 % d’éthanol produit essentiellement à partir de betteraves tandis que le diesel accepte 5 % de biodiesels obtenus à partir d’huile de tournesol ou de colza.
Pour le gazole, les choses sont claires. Au-delà de 5 % d’ajout de carburant bio, les moteurs doivent être modifiés. En ce qui concerne l’essence, il paraîtrait que nos moteurs sont capables de supporter des carburants incorporant jusqu’à 10 % d’éthanol.
Et 10 %, c’est justement la proportion d’éthanol que contient le nouveau carburant SP95-E10 qui, depuis le 1er avril et en région parisienne en tout cas, chasse énergiquement de nos pompes le bon vieux SP95.
Pour l’Etat, la mise sur le marché du SP95-E10 va contribuer à atteindre les objectifs d’incorporation prévus par le plan biocarburants français (7 % d’ici 2010), plan dont le but principal est la diminution de notre facture énergétique et de notre dépendance vis-à-vis des pays producteurs de pétrole.
En outre, le développement de la filière de production d’éthanol est créateur de richesses pour la France si l’on prend aussi en compte le milliard d’euros investi en majorité par les agriculteurs ainsi que les 24 000 emplois créés ou maintenus.
Compatible ou pas ?
Si les objectifs du gouvernement sont louables, ils risquent en revanche de sérieusement compliquer la vie des automobilistes et des utilisateurs de deux-roues. En effet, si la SP95-E10 fait entrer dans sa recette d’innocents légumes, il n’en est pas moins plus corrosif que le SP95 normal et ne peut donc être versé dans n’importe quel réservoir.
Le gouvernement fait cependant preuve de confiance en annonçant que ce nouveau supercarburant est compatible avec 60 % du parc de véhicules essence existant, avec la très grande majorité des véhicules neufs ainsi qu’avec la plupart des véhicules à essence vendus depuis 2000 (pour mémoire, la moyenne d’âge du parc automobile français est de 8,3 ans).
Mais attention, car « la plupart » ne signifie pas « toutes ». Même si votre voiture est sortie d’usine bien après 2000, elle peut fort bien ne pas digérer ce carburant un peu trop vert pour elle. Pour nous rassurer, le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire a mis en place un site Internet qui recense les voitures adaptées. Rendez-vous sur
www.carburantE10.fr... et bonne chance !