Un gros cœur qui aime battre fort… et vite !
Dans la gamme Moto Guzzi, la cylindrée des bicylindres en V débute à
750 cm3, puis se décline en 850, 940,
1100 et 1200 cm3. La Stevio hérite non seulement du plus gros de tous ces moteurs, mais aussi de sa déclinaison la plus aboutie puisqu’il possède 75 % de pièces nouvelles par rapport au V2 de 1200 cm3 traditionnel, à commencer par des culasses à 4 soupapes au lieu de 2 qui contribuent à l’augmentation de la puissance (105 au lieu de 95 ch) mais aussi à un radical changement de caractère.
Un coup sur le bouton du démarreur et le gros bicylindre s’ébroue en faisant frémir le guidon et en balançant la machine de droite à gauche sous l’effet du couple de renversement distillé par les va-et-vient des deux gros pistons. Les aficionados de la marque ne seront pas dépaysés, comme ils ne le seront pas non plus par la poigne que réclame le levier qui commande l’embrayage à sec !
Ils seront en revanche surpris par le relatif manque de « rondeur » du moteur à bas régime. La faute aux quatre soupapes qui favorisent le remplissage des cylindres à hauts régimes, mais aussi à des normes antipollution de plus en plus draconiennes qui imposent un mélange air/essence le plus pauvre possible à bas et moyens régimes, là où sont mesurés les taux des vilains rejets.
Du coup, alors que les « vieilles » Moto Guzzi se conduisaient comme des voitures Diesel en donnant le meilleur d’elles-mêmes sitôt passé le régime de ralenti, la mécanique de la Stelvio ne s’anime franchement qu’à l’approche des 5.000 tr/min pour grimper alors à l’assaut de la zone rouge avec une surprenante vigueur. Une poussée réjouissante qui se « vit » littéralement grâce aux « good vibrations » de la mécanique et par les « poum-poum » évocateurs qui émanent du gros silencieux d’échappement. Un régal pour les oreilles dans les tunnels, et un avertisseur sonore beaucoup plus efficace que le ridicule klaxon enroué indigne d’une italienne.