Quelle est la voiture qui vous permet d'engloutir le contenu de deux gros caddies sur le parking du supermarché puis de larguer une Porsche à la sortie du péage ? Ne cherchez pas, il n'y en a qu'une et c'est l'Audi RS4 Avant. Chaud devant !
Date de commercialisation : août 2000 / Date de l'essai : juillet 2001
Petit avertissement ! Après avoir lu cet essai, ne vous précipitez pas chez votre concessionnaire Audi pour y commander votre Audi RS4. Les 200 exemplaires prévus pour la France (130 pour l'année 2000, 70 pour l'année 2001) ont tous été vendus. C'est donc du côté des petites annonces qu'il va falloir vous tourner car il n'est pas sûr qu'Audi France en reçoive d'autres exemplaires.
La RS4 est en effet la dernière représentante de l'ancienne génération d'Audi A4. Elle dérive de l'Audi S4 forte de 265 ch mais, contrairement à cette dernière qui joue la carte de la discrétion, la RS4, elle, ne fait rien, mais alors rien du tout, pour cacher son jeu.
UN BREAK "BODYBUILDÉ"

Voiture "image" du savoir-faire d'Audi, la RS4 n'est proposée qu'en break, ce qui constitue une forme de provocation supplémentaire. Voilà donc une voiture de "père tranquille" transformée en monstrueuse dévoreuse d'autobahn.
Question style, les designers d'Audi n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! La carrosserie, abaissée de 20 mm par rapport à une Audi A4 "normale", est posée sur d'énormes jantes de 18 pouces que des ailes pourtant élargies de 35 mm, à l'avant comme à l'arrière, semblent avoir du mal à contenir. Ces mêmes ailes sont reliées par des seuils latéraux spécifiques qui accentuent le dynamisme du profil.
A l'avant, l'imposant bouclier est percé de trois énormes entrées d'air dont les grilles alvéolées ont été optimisées sur le plan aérodynamique. Celle du centre sert au refroidissement de l'eau tandis que celles de côté "rafraîchissent" l'air destiné à la suralimentation.
Le bouclier arrière est lui-aussi muni de trois petites grilles rappelant le style du bouclier avant. Sous la grille de gauche prend place une évocatrice sortie d'échappement ovoïde bitube tandis qu'un discret déflecteur positionné sur le rebord supérieur du hayon se charge d'augmenter la déportance à haute vitesse.
Magnifique exemple du tuning "à l'allemande", l'Audi RS4 donne ainsi dans le spectaculaire sans tomber dans le mauvais goût.
UN HABITACLE SOBRE ET RAFFINÉ

Dans un intérieur où le noir domine, le conducteur et le passager prennent place dans d'excellents sièges Recaro chauffants. Les sièges, de même que les contreportes, sont proposés de série avec trois garnitures: cuir naturel noir, cuir nappa couleur argent ou combinaison cuir/tissu.
La planche de bord dont l'assemblage et la qualité font, comme sur toutes les Audi, aujourd'hui référence, reçoit des baguettes décoratives en bois laqué noir ou, au choix, en carbone.
La jante du volant et le pommeau du levier de vitesses sont garnis de cuir perforé.
Par rapport aux autres A4, le chrome de certains éléments (poignées de portes, entourage de la grille de vitesses, bouton de déblocage de frein à main, serrure de boîte à gants) est remplacé par de l'aluminium anodisé noir mat. Et n'oublions pas le compteur de vitesse gradué jusqu'à... 310 km/h !
Quant à l'équipement, il est tout à fait digne d'un haut de gamme (voir fiche technique) ce qui semble normal compte tenu du prix de vente de ce break élitiste.
LE RECORD DU MONDE DE LA PUISSANCE SPÉCIFIQUE

L'Audi RS4 reprend le V6 2,7 biturbo de la S4 dont les 264 ch représentent déjà une valeur élevée. Un passage chez le motoriste Cosworth, racheté récemment par le groupe Volkswagen, fait grimper cette puissance à 380 ch obtenus au régime de 6.100 tr/min. Voilà qui fait de la RS4 la détentrice de la meilleure puissance spécifique pour un moteur de série: 142 ch/litre. A titre de comparaison, une BMW M3 ne fait "que" 105 ch/litre alors qu'une Mercedes CLK AMG se contente de 63 ch/litre !
Cette énorme puissance spécifique, l'Audi RS4 la doit à sa technologie sophistiquée (culasse à 5 soupapes par cylindre, calage variable de la distribution, ligne d'échappement à double flux...) mais aussi, et surtout, à ses deux turbos, un par rangée de cylindres.
C'est essentiellement grâce à eux que notre Audi dispose d'un couple titanesque (440 Nm) disponible qui plus est sur une très large plage de régime : de 2.500 à 6.000 tr/min. Autant dire que l'Audi RS4 pousse toujours très fort, que ce soit sur le premier ou le sixième rapport d'une boîte parfaitement étagée, à l'exception de la première qui "tire" un peu court à mon goût.
DES ACCÉLÉRATIONS DE DRAGSTER

Capable d'abattre le 1.000 m départ/arrêté en 24"6, la RS4 fait jeu égal et dépasse même les GT les plus huppées : 24''2 pour une Aston Martin DB7 Vantage, mais 24''8 pour une Porsche 911 ou 24''9 pour une Maserati 3200 GT. Pas mal pour un break !
Revers de la médaille, l'Audi RS4 est un vrai piège à permis. En sixième, gentiment calé à 150 km/h sur l'autoroute, il suffit que votre pied droit caresse d'une manière un peu plus appuyée l'accélérateur pour que vous retrouviez à 200... le temps que vos yeux quittent la route pour regarder le compteur. Encore heureux que la vitesse soit limitée électroniquement à 250 km/h car, une fois débridée, la RS4 frôle les 300 !
Autant dire que rouler à 90 km/h sur une belle nationale tient de la gageure, même en y mettant de la bonne volonté. Heureusement, le freinage très puissant permet d'entrer dans les villages aux 50 km/h réglementaires.
En RS4, les dépassements ne posent aucun problème. Quel que soit le rapport engagé, une pression sur la pédale de droite suffit pour avaler sans effort la plupart des choses roulantes.
Le plus extraordinaire est que ces fabuleuses performances ne sont pas obtenues par l'intermédiaire d'une mécanique caractérielle. La faible inertie des deux petits turbo gomme littéralement l'effet on/off ou, plus familièrement, le "coup de pied au cul" qu'aurait provoqué un unique gros turbo, tandis que la parfaite maîtrise de la gestion moteur autorise une progression sans à-coups, même dans les pires encombrements.
L'EFFICACITÉ DE LA TRANSMISSION QUATTRO
Amateurs de "burn", passez votre chemin ! Que ce soit sur le sec ou le mouillé, il est pratiquement impossible de faire cirer les quatre roues motrices en permanence. De plus, les larges pneus à profil ultra bas (255/35 R 18) assurent un excellent grip. Très directifs, ils imposent en revanche de tenir fermement le volant sur les revêtements dégradés. Là, en dépit d'une suspension considérablement raffermie, l'Audi RS4 reste étonnement confortable, et même un peu trop souple par rapport à des sportives beaucoup plus radicales.
Aux vitesses qu'il est possible de pratiquer sur route ouverte, l'Audi affiche une totale neutralité. Il faut la pousser dans ses derniers retranchements sur circuit pour constater une tendance au sous-virage qui nuit un peu à la vitesse de passage en courbe. Dans ces conditions, l'Audi RS4 se fera sans doute larguer par des coupés sportifs. Par contre, sur une petite route de montagne détrempée, il y a de fortes chances pour que ce soit elle qui prenne le large... et sans que son pilote n'ait à mouiller sa chemise.
TOUTES LES FICHES TECHNIQUES ET COTES DE l'AUDI RS4 AVANT
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2000
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2001
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2002
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2003
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2004
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2005
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2006
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2007
>> Cote - fiche technique Audi RS4 Avant 2008
D. Allignol