Qui veut la paix prépare la guerre ! Et dans la course à la puissance que se livrent les constructeurs allemands, Audi a rarement été le dernier à faire parler la poudre. BMW annonçait une M3 V8 de plus de 400 ch… Qu’à cela ne tienne, arrivait une Audi A4 de 420 ch !
Date de commercialisation : janvier 2006 / Date de l'essai : janvier 2006
UNE FAMILIALE DE 420CH

Prenez place à bord.
Extasiez-vous quelques instants sur l’exceptionnelle qualité d’une finition rehaussée de quelques inserts de carbone.
Réglez votre position de conduite.
Introduisez classiquement la clé de contact.
Lancez le moteur en appuyant sur le bouton positionné sur la console centrale et donnez aussi une légère impulsion sur le bouton « S » incrusté dans la branche gauche du volant. Aussitôt, les renforts latéraux de votre siège baquet Recaro s’adaptent automatiquement à votre morphologie. Vous voilà « serti » pour faire corps avec votre machine.
Ce qui passe ensuite vous allez le découvrir après avoir passé la première et vous être engagé dans l’allée des stands qui donne accès à un petit circuit aux environs de Porto. Mais un peu de patience !
Le paragraphe qui précède n’est pas l’introduction de l’essai d’un coupé ultra sportif. Vous êtes au volant d’une berline familiale qui réalise, en France, la plus grosse part de ses ventes avec des motorisations turbo Diesel. Sauf qu’ici, les vaillants TDI du groupe Volkswagen laissent la place à un moteur essence, et un gros : un V8 tout aluminium qui, sans avoir recours au renfort d’un plébéien turbocompresseur, délivre allégrement ses 420 ch à 7.800 tr/min et accepte sans broncher de grimper jusqu’à 8.250 tr/min avant que le rupteur ne stoppe son élan. La greffe de cette splendide mécanique sur cette Audi A4 un peu spéciale est l’œuvre de la société quattro GmbH, la filiale de Audi spécialisée dans les produits sportifs de la marque.
AUDI RS4 : RS POUR "RENN SPORT"... ET ÇA SE VOIT !

Difficile de passer inaperçu avec l’Audi RS 4. Et on ne vous parle pas encore de bruit ! La sage berline A4 n’est pas méconnaissable lorsqu’elle devient RS 4, mais elle ne fait rien pour masquer son jeu. Pour autant, l’évolution esthétique dont elle bénéficie n’est pas qu’un simple effet de style mais bien une adaptation justifiée par de grosses modifications techniques et de colossales performances.
A l’avant, ou l’on retrouve la grande calandre « single frame » qui caractérise désormais l’ensemble de la gamme Audi, tout a été fait pour permettre au moteur de bien respirer.
L’arrière n’est pas en reste avec un becquet intégré au couvercle du coffre et deux énormes sorties d’échappement ovoïdes qui encadrent une grille alvéolée.
Histoire de bien montrer qu’on peut être sportif (au fait, on dit LE RS 4) tout en ayant la classe, le profil joue sur les deux tableaux :
Ainsi parée, l'Audi RS 4 est sans aucun doute l’un des représentants les plus aboutis du tuning « à l‘allemande ». Bref, c’est beau !
UN HABITACLE SPORTIF MAIS LUXUEUX

Que dire de l’habitacle sinon qu’il offre une finition aux standards de la marque, autrement dit parfaite. Idem pour la position de conduite et pour le maintien qu’offrent les sièges Recaro, avec une mention spéciale pour celui du conducteur, pardon du pilote, grâce à ses renforts latéraux ajustables.
L’équipement de série est pléthorique ce qui n’empêche pas la liste des options d’être particulièrement conséquente (voir fiche technique). Les responsables d’Audi justifient cette politique par le fait que les acheteurs d’une telle auto veulent de l’exclusivité et qu’ils aiment bien les personnaliser. Qu’ils se rassurent, ils ne croiseront pas la même voiture que la leur à chaque coin de rue !
UN MOTEUR ISSU DE LA COMPÉTITION

Pour motoriser l'Audi RS4, Audi est parti du V8 4,2 l qui équipe la récente Audi S4 à laquelle il ne procure « que » 344 ch. Pour lui faire cracher 76 ch de plus, les motoristes de quattro GmbH l’ont équipé d’une injection directe FSI qui, en optimisant le mélange air/essence et par voie de conséquence le rendement, prédispose les moteurs qui en sont équipés aux hauts régimes de rotation. Utilisée par l’Audi R 8, victorieuse à quatre reprises aux 24 Heures du Mans, la technologie FSI a par ailleurs largement prouvé sa fiabilité et son efficacité.
Ajoutez à cela une distribution « double arbre » avec calage variable en continu, un nouvel ensemble palier/vilebrequin, des pistons et des bielles renforcés et vous obtenez un moteur qui vous permet de rouler au pas sans à-coups dans les embouteillages et de vous propulser l’instant d’après à plus de 300 km/h – s’il ne s’autolimitait à 250 – sur une autoroute imaginaire.
Précisons encore que l’injection directe a un autre mérite, celui de limiter la consommation ce qui, avec le V8 de l'Audi RS 4, permet de se cantonner aux environs des 20 l/100 km… en conduite apaisée. Dès lors, en cas de grosse attaque, l’aiguille de la jauge peut presque servir de compte-tours. Mais quand on aime…
Un mot suffit pour qualifier la boîte manuelle à 6 rapports associée au V8 : parfaite ! Idéalement étagée, elle dispose d’une commande qui associe douceur de maniement et verrouillages fermes.
UN CHÂSSIS D'UNE EFFICACITÉ ABSOLUE

Pour qu’une bonne familiale puisse se transformer en bête de circuit, il faut un châssis à la hauteur. Comparée à une A4 normale :
Du coup, le RS 4 fait preuve d’une agilité surprenante compte tenu de son poids tout de même conséquent (1.650 kg à vide).
Quant au freinage, il fait preuve d’autant de puissance que d’endurance grâce à d’énormes disques (365 mm à l’avant, 324 mm à l’arrière) perforés et ventilés, et pincé à l’avant par des étriers à 8 pistons. De plus, pour que les disques puissent conserver leur pleine efficacité par temps de pluie, un système les maintient secs par une mise en contact régulière, mais sans serrage, avec les plaquettes.
UNE FAMILIALE PAISIBLE POUR TOUS LES JOURS...

A basse vitesse, le tarage de l’amortissement associé aux jantes de 19’’ optionnelles et à leurs pneus à profil ultra bas permettent de bien sentir toutes les irrégularités de la chaussée, sans que cela ne mette pour autant vos vertèbres à la torture. De plus, comme avec la plupart des purs-sangs mécaniques, le confort de roulage se fait de plus en plus présent au fur et à mesure que la vitesse augmente. Du coup, et compte tenu de son extraordinaire potentiel, l'Audi RS 4 est loin d’être inconfortable, ce qui le rend tout à fait fréquentable au quotidien.
Et si vous trouvez que vous passez trop inaperçu dans la circulation urbaine, appuyez donc sur la petite touche S, celle qui resserre le siège autour de vous. Elle a pour autre fonction d’offrir une réponse plus rapide de l’accélérateur (pas recommandé en circulation urbaine !) mais aussi de libérer l’échappement dont les râles feutrés se transforment alors en grondements rauques, puissants, terrifiants. Et là, croyez-moi, tout le monde se retourne sur votre passage.
Reste qu’il est tout à fait possible de conduire cette voiture surpuissante le coude à la portière tant son moteur sait faire preuve de souplesse. Quant à réussir à sortir de la route aux vitesses légales, même sous la pluie, il faut vraiment conduire avec un bandeau sur les yeux… et encore !
... ET UNE BÊTE DE COURSE SUR LE CIRCUIT

Sur le circuit mis à notre disposition pour ces essais, nous avons pu, dans la limite des compétences de chacun, partir à la recherche des limites du fauve. En conduite « normale », et donc à une allure déjà fort élevée, il suffit de tourner le volant pour négocier tous les types de courbes. L'Audi RS 4 semble littéralement soudé au sol tant son potentiel d’adhérence est élevé, une impression, ou bien plutôt une certitude renforcée par une totale absence de roulis.
En forçant le rythme et en soignant ses trajectoires, on arrive à faire un peu décrocher le train arrière en provoquant la voiture d’un méchant lever de pied en entrée de courbe. De quoi mieux viser la corde avant que l'Audi RS 4 ne se remette en ligne de lui-même sans aucune brutalité.
En dépit de la prépondérance du couple sur l’essieu arrière, ne comptez donc pas sur l'Audi RS 4 pour enrouler les courbes dans de larges et inefficaces dérives. Les courbes, il les avale dans une parfaite neutralité, en faisant passer au sol toute la puissance et vous propulser ainsi, dans le son rageur de ses échappements, jusqu’au virage suivant. Il n’y a que dans les épingles serrées qu’une petite pointe de sous-virage pourra faire son apparition. A vous d’attendre le point de corde avant de « souder » la pédale d’accélérateur au plancher. Vous n’en serez que plus efficace face au chrono. Avec 420 ch sous le pied, on peut quand même prendre la peine de doser un peu, non ?
PRESQUE UN CADEAU !

Bon, tout le monde ne peut se permettre d’investir 76.000 € dans une voiture. Mais pour cette somme vous allez prendre en même temps possession d’une voiture culte, d’une familiale confortable, d’une auto merveilleusement finie et remarquablement sûre offrant cinq vraies places et un grand coffre, d’une sportive exaltante pour tourner sur circuit le week-end et d’un missile roulant capable de passer de 0 à 200 km/h en 16’’6…
La Porsche 911 Carrera S ne fait pas mieux, elle qui n’offre que deux vraies places, un tout petit coffre, deux roues motrices seulement et qui vaut quand même 14.380 € de plus ! Vous hésitez, pas moi !
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D.Allignol