Essai Jaguar XJ8 2003 : classique et high-tech

Plus longue, plus large, plus haute, la nouvelle Jaguar XJ se devrait logiquement d'être également plus lourde. Il n'en est rien puisque, tout en étant mieux équipée que l'ancienne, elle pèse 95 kg de moins.

Son secret ?

• Une carrosserie entièrement en aluminium, 40% moins lourde qu'une caisse équivalente en acier ;
• et l'emploi de magnésium, un matériau aussi rigide que l'alu mais 30% plus léger, pour la traverse qui supporte la planche de bord et certains éléments des cadres des sièges.

Outre sa légèreté, la coque en alu de la nouvelle Jaguar XJ, assemblée par collage (une technique empruntée à l'aéronautique et inédite dans l'automobile), a aussi le mérite d'être 60% plus rigide que celle du modèle précédent.

De l'aluminium, on en retrouve aussi dans les trains roulants qui font appel, aussi bien à l'avant qu'à l'arrière, à un concept de double triangulation associé à des suspensions pneumatiques en lieu et place des traditionnels ressorts hélicoïdaux. Outre l'amortissement ouaté qu'il procure, l'amortissement pneumatique offre de plus l'avantage de maintenir constante l'assiette de la voiture qu'elle que soit la charge.

En outre, la suspension pneumatique abaisse automatiquement la hauteur de la voiture à vitesse élevée pour améliorer sa stabilité et accroître son efficacité aérodynamique.

Mais nous n'en avons pas encore fini avec les suspensions. Toutes les Jaguar XJ reçoivent en effet de série une version évoluée de la suspensions active à gestion électronique CATS dont les puces se chargent d'adapter en quelques millisecondes les réglages de l'amortissement en fonction des conditions de conduite. On verra plus loin à quel point l'association de toutes ces technologies confèrent à la Jaguar XJ un confort exceptionnel et des qualités routières qui ne le sont pas moins.

Les versions haut de gamme de la nouvelle Jaguar XJ offrent le choix entre trois moteurs V8. Le plus connu est le V8 4.2 l de 304 ch qui équipait notre voiture d'essai. Evolution du V8 Jaguar, il a vu sa cylindrée augmenter pour offrir encore plus de souplesse et il bénéficie d'un calage variable en continu de l'admission.

Ce même bloc peut recevoir un compresseur, ce qui lui permet alors de développer 406 ch. Il est monté sous le capot d'une version à tendance sportive baptisée Jaguar XJR et sous celui de la version particulièrement luxueuse qui chapeaute la gamme, la Jaguar XJR Super V8.

En bas de gamme (tout est relatif !), la Jaguar XJ reçoit le V6 qui équipe déjà la Jaguar X-Type et la Jaguar S-Type. Compte tenu du poids contenu de la grande Jaguar XJ, ce "petit" V6 3,0 l ne démérite absolument pas et ses 263 ch sont largement suffisants pour animer avec brio la voiture tout en faisant preuve d'un remarquable rapport performances/consommation.
Entre le V8 4.2 l et le V6 3.0 l, prend place un tout nouveau V8 3.5 l 3,5 l de 263 ch.

Toutes ces mécaniques sont d'office associées à une boîte automatique ZF à six rapports que l'on retrouve sur la Jaguar S-Type mais également sur la BMW Série 7. Cette boîte exemplaire de douceur adapte le rythme des changements de rapports en fonction de la conduite et propose deux modes de fonctionnement, normal et sport.

Le deuxième mode passe le rapport supérieur à plus haut régime et rétrograde également plus tôt. Il est également possible de passer les vitesses manuellement par simple coulissement du levier mais, comme la boîte se débrouille fort bien toute seule, on aura tôt fait de délaisser ce mode manuel moins pratique soit dit en passant que celui offert par un levier à impulsion ou des palettes au volant.

A bord, on retrouve avec autant d'émotion que de plaisir l'atmosphère si particulier propre aux Jaguar. L'augmentation des dimensions de l'habitacle a autorisé le montage de sièges beaucoup plus accueillants que dans l'ancienne Jaguar XJ. Résultat, on n'a jamais été aussi bien assis dans une Jaguar.

Le conducteur, particulièrement choyé, dispose non seulement d'un siège et d'un volant réglables dans tous les plans, mais également d'un pédalier ajustable électriquement à l'aide d'un petit bouton positionné sur la colonne de direction. Impossible alors de ne pas trouver une position de conduite idéale.

Contact ! Au ralenti, le V8 est pratiquement inaudible. A vous alors de doser votre pression sur la pédale d'accélérateur pour, au choix, démarrer en glissant sereinement, ou bondir comme un fauve à l'affût.

Sur les grandes routes et sur l'autoroute, la XJ8 4.2 l est impériale. Dans une ambiance feutrée qui vous permet de profiter de vos meilleurs CD choisis d'une simple pression sur l'écran tactile, elle semble survoler le bitume. Un vrai tapis volant avec lequel on se sent prêt à rouler jusqu'au bout du monde.

La bonne surprise vient de l'aisance avec laquelle cette imposante berline se comporte sur les itinéraires plus tourmentés. La parfaite alliance de la suspension pneumatique et de la gestion électronique de l'amortissement jugule avec efficacité tous les mouvements parasites de la caisse. Pas de plongée au freinage, de cabrage à l'accélération ou de roulis en virage serré !

Imperturbable, la Jaguar XJ8 permet d'adopter un rythme très élevé et seul son gabarit est un frein à une conduite réellement sportive. De toute manière, l'ambiance "cocon" qui règne à bord vous ramènera bien vite à la raison et vous invitera à conduire votre XJ de la manière qui sied à une Jaguar, cool et rapide à la fois.