Bousculée par ses récentes concurrentes, la Vectra "II", lancée en 1995, se devait d'évoluer en profondeur. C'est chose faite avec la nouvelle Vectra "III" sur laquelle Opel compte beaucoup pour occuper à nouveau le devant de la scène sur le marché des berlines familiales européenne.
Date de commercialisation : août 2003 / Date de l'essai : septembre 2003

Pour son lancement qui débutera au mois de mai, la nouvelle familiale d'Opel ne sera proposée qu'en version 4 portes avec coffre, ce qui n'est pas l'idéal pour "cartonner" sur le marché français où l'on apprécie les aspects pratiques des carrosseries 5 portes équipées d'un hayon.
Un peu de patience ! L'Opel Vectra est ambitieuse et, dès l'été, sa gamme s'enrichira d'une version 5 portes au style plus agressif. Baptisée GTS (pour Gran Turismo Sedan), cette Vectra dont les lignes s'apparentent à celle d'un coupé recevra en exclusivité un V6 3.2 l de 211 ch.
En 2003, deux autres carrosseries entreront en scène, un break classique mais aussi un original "break-monospace" qui reprendra l'appellation Signum portée par le concept-car dont elle dérive étroitement.
DÉJÀ 10 VERSIONS... POUR COMMENCER !

En combinant ses six motorisations quatre cylindres (trois essence et trois Diesel) et ses trois niveaux de finition, la gamme Vectra comptera déjà pas moins de 8 versions dès son lancement.
Le niveau de base, baptisé tout simplement "Vectra" recevra un 1.8 16V essence de 110 ch et un 2.0 DTI 16V turbo diesel de 110 ch.
Le niveau Comfort pourra recevoir, en plus de ces deux motorisations, un 1.8 16V essence de 122 ch et, en Diesel, deux 2.2 DTI 16V développant respectivement 117 et 125 ch.
Quant à la finition haut de gamme Elegance, elle ne conservera que le turbo diesel le plus puissant ainsi que le 1.8 16V de 122 ch, mais sera la seule à bénéficier d'un 2.2 16V essence de 147 ch.
DES DIMENSIONS MAJORÉES DANS TOUS LES SENS

Si la nouvelle Opel Vectra 3 portes conserve un style classique, elle gagne cependant en caractère et affiche, pour reprendre un mot à la mode, une allure beaucoup plus "statutaire". Comparée à l'ancienne, elle doit la modernité de ses lignes à son profil en coin, à ses larges épaulements, à ses passages de roues marqués et à ses grandes optiques avant et arrière. La haute et rassurante ceinture de caisse est visuellement diminuée par une baguette de protection latérale, tandis qu'à l'arrière une baguette chromée d'inspiration très américaine, se charge d'alléger le volume imposant du coffre à bagages qui, avec ses 500 dm3, est désormais le plus spacieux de la catégorie, à égalité avec la Ford Mondeo.
Plus longue de 10 cm que l'ancienne, l'Opel Vectra III est aussi plus haute de 3,5 cm. Elle gagne 9,1 cm en largeur et son empattement se voit majoré de 6,3 cm. Tous ces "plus" lui permettent d'offrir une très généreuse habitabilité tant aux places avant qu'à celles du compartiment arrière. Et voilà qui fait définitivement taire le principal reproche adressé à la précédente version.
En dépit de ses dimensions majorées, l'Opel Vectra III ne pèse que 40 petits kilos de plus. Grâce soit rendue à l'emploi de matériaux légers ou d'alliage très techniques qui, tout en allégeant la caisse, renforcent sa rigidité.
UN INTÉRIEUR COSSU

L'ancienne Opel Vectra ne pêchait pas par une finition bâclée, loin de là. Mais de l'habitacle de la nouvelle, se dégage cependant une impression de meilleure qualité perçue. Les sièges redessinés sont recouverts de belles matières (tissu, velours ou cuir) qui s'assortissent aux trois différentes teintes proposées pour la partie basse de la planche de bord. Des inserts en titane/chrome (base et Comfort) ou en loupe d'orme (Elegance) la sépare de la partie haute qui reste uniformément noire sur toutes les versions.
Opel a également soigné l'aspect des plastiques ainsi que le "touché" des différentes commandes. Grâce à tous ces soins attentifs, la nouvelle Vectra fait incontestablement beaucoup plus "luxe" que par le passé, justifiant ainsi son nouveau placement en haut du segment des "berlines de moyenne gamme".
Le niveau d'équipement suit le mouvement et, même sans avoir recours aux nombreuses options qui permettent d'améliorer l'ordinaire (voir fiche technique), l'Opel Vectra III offre tout ce que l'on est en droit d'attendre d'une voiture moderne. C'est notamment le cas en ce qui concerne la sécurité passive, puisqu'on note la présence de pas moins de six airbags, de quatre ceintures avec prétendeur et limiteur d'effort, d'une ceinture centrale arrière trois points, d'appuis-tête actifs à l'avant et d'un pédalier rétractable en cas de choc.
UN COMPORTEMENT ROUTIER SOUS CONSTANTE SURVEILLANCE

Opel a peaufiné les trains roulants de sa nouvelle Astra : à l'avant, une épure McPherson améliorée et, à l'arrière, un essieu multibras sophistiqué. Pour réduire les masses non suspendues, de nombreux éléments (biellettes, fusées, porte-moyeux...) font appel à l'aluminium et même au magnésium pour la traverse de direction.
La direction dont l'assistance électro-hydraulique est modulée en fonction de la vitesse, a été étudiée pour offrir une réponse très rapide aux injonctions du conducteur. Son temps de réponse aux impulsions données au volant n'est que de 0,3 secondes, comme sur une bonne voiture de sport.
La nouvelle Opel Vectra offre ainsi un comportement beaucoup plus dynamique que sa devancière. Mais Opel qui n'entend pas faire d'elle une berline à tendance sportive a tenu à la barder de puces électroniques chargées de surveiller en permanence d'éventuels écarts de conduite.
On trouve donc un ABS avec répartiteur électronique, un CBC (Cornering Brake Control) qui module le freinage en courbe pour contenir les mouvements de lacet et, cerise sur le gâteau, un ESP "plus" qui se charge de contrôler les dérives en agissant non plus sur la seule roue intérieure au virage, mais sur trois roues.
RASSURANTE MAIS PAS SPORTIVE

Lors de la présentation internationale à Barcelone, nous avons pu essayer deux versions de la nouvelle Vectra, une 2.2 16V 147 ch avec boîte automatique et une 2.2 DTI 16V 125 ch dont la mécanique était accouplée à une boîte manuelle.
Avec la première, les puces m'ont parfois donné l'impression de se mélanger un peu les pinceaux. Il faut dire que la route était particulièrement tourmentée et le revêtement fort peu adhérent. Inutile dans ces conditions d'adopter une conduite "active". Le fait de jeter la voiture dans les courbes serrées provoquait pratiquement à tous les coups l'intervention de l'ESP qui allait jusqu'à couper complètement l'élan de la voiture. Un peu frustrant ! Après avoir vainement chercher le petit interrupteur permettant de le déconnecter, j'ai du me rendre à l'évidence : il n'y en a pas. Un choix qu'Opel justifie par la vocation essentiellement familiale de sa berline.
Avec la 2.2 DTI 16V dont le moteur fait preuve d'un bon tonus doublé d'une excellente sobriété, la Vectra m'est apparue beaucoup plus dynamique. Le revêtement sans doute plus accrocheur autorisait une conduite rapide et l'intervention de l'ESP était beaucoup moins fréquente. De quoi nous rassurer sur l'efficacité du châssis ! Car même si elle n'arrive pas à la hauteur d'une Laguna en terme de filtrage des imperfections de la chaussée, l'Opel Vectra, malgré quelques pompages sur les grosses ondulations, s'est révélée parfaitement équilibrée, idéalement stable en ligne droite et parfaitement neutre en courbe. Tout ce qu'il faut pour faire d'elle une excellente routière qui préfère cependant "enrouler" qu'être malmenée.
D. Allignol