Un nouveau visage, 20 chevaux de plus... Trente-huit ans après son lancement la mythique 911 n'en finit pas de se bonifier pour rester, encore et toujours, le plus excitant des coupés sportifs !
Date de commercialisation : août 2001 / Date de l'essai : septembre 2001

Les petites routes du Morvan ! Un terrain de jeu idéal, judicieusement choisi par Porsche France, pour nous faire essayer les nouvelles Porsche 911 Carrera. Oui mais voilà, il pleut des cordes, et des grosses ! Alors courageux, mais pas téméraire, je laisse de côté cabriolet et coupé à deux roues motrices pour emprunter les clés d'une Porsche 911 Carrera 4.
Sa transmission intégrale est plus rassurante pour affronter des routes détrempées et faire passer au sol les 320 chevaux d'un six cylindres à plat une fois de plus peaufiné par les ingénieurs de Porsche.
UN NOUVEAU VISAGE

Quand on vous remet les clés d'une Porsche, on piaffe forcément d'impatience de mettre le contact. Prenons tout de même le temps de faire le tour du "propriétaire" pour voir ce qui différencie visuellement cette nouvelle Porsche de l'ancienne.
La plus grande rivale de la Porsche 911 est une... Porsche ! Il s'agit bien sûr du Boxster qui, dans son exécution S, n'est pas loin d'égaler en terme de performance la célèbrissime Porsche 911. Cela ne serait encore pas trop grave si ce même Boxster ne se confondait, de face, avec la Porsche 911, ce qui a évidement pour effet de chagriner ses inconditionnels.
Les stylistes ont donc offert à la nouvelle Porsche 911 une face avant qui se rapproche de la Porsche 911 Turbo à laquelle elle emprunte ses phares. Le bouclier avant a été redessiné et ses prises d'air permettent d'augmenter de 15% le débit d'air refroidissant les deux radiateurs disposés latéralement dans le bloc avant. Ce n'est pas un luxe quand on sait qu'en une heure, ce sont pas moins de 14.500 litres d'eau chaude qui les traversent !
Les autres modifications touchent l'arrière de la voiture qui gagne un peu plus encore en agressivité avec un nouveau graphisme des feux arrière, un bouclier souligné d'une moulure dans son tiers inférieur et deux grosses sorties d'échappement ovales.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser un coupé sportif, malgré une carrosserie souvent effilée, offre beaucoup de résistance à l'air. Grosses roues et énormes prises d'air constituent autant de freins à sa progression. Grâce à une étude aérodynamique très poussée, les ingénieurs de Porsche ont réussi, malgré les modifications apportées à la face avant, à conserver le CX de 0,30 de la précédente version. Mieux même, ils ont augmenté l'appui aérodynamique sur le train avant ce qui, sur une voiture dont le moteur est positionné en porte-à-faux arrière, ne peut qu'améliorer le comportement à grande vitesse.
UN NOUVEAU MOTEUR

En augmentant la course des pistons du 6 cylindres à plat les motoristes de Porsche ont fait passer sa cylindrée de 3,4 l à 3,6 l avec, à la clé, une puissance maxi passant de 300 à 320 ch et un couple maximum relevé de 20 Nm (370 Nm à 4.250 tr/min).
Mais la modification la plus importante reste le montage du système VarioCam Plus emprunté à la Turbo. Au dispositif VarioCam de "l'ancienne" Porsche 911 qui faisait déjà varier le calage de l'arbre à came, le "Plus" ajoute une fonction de levée variable des soupapes d'admission.
Résultat, le moteur offre plus de puissance, plus de souplesse à bas et moyens régimes, bref plus d'agrément, tout en se montrant plus sobre. Selon les normes européennes, la consommation du 3,6 l diminue d'environ 6% par rapport au 3,4 l pour tomber à 11,1 litres aux 100 kilomètres, ce qui n'a rien d'excessif compte tenu des exceptionnelles prestations qu'offre la nouvelle Porsche 911.
A L'INTÉRIEUR, QUELQUES MINIMES MODIFICATIONS

Une finition exemplaire et un équipement standard complet caractérisaient déjà la devancière de la nouvelle Porsche 911. Cette dernière bénéficie aujourd'hui d'un volant trois branches, d'une boîte à gants... et d'un double porte-gobelets situé sous la sortie d'air centrale de la planche de bord.
Le combiné instrument est emprunté à la Porsche 911 Turbo et, sous le compte-tours toujours logé en position centrale, un grand visuel permet d'afficher les nombreuses informations données par l'ordinateur de bord.
La clé de contact, traditionnellement, est toujours positionnée à gauche du volant. Il est peut-être temps de la tourner !
LE PLEIN DE SENSATIONS... FORTES !

Les acousticiens se sont penchés sur le système d'échappement. Dès le ralenti le son est beaucoup plus grave, plus présent, plus puissant. En montant dans les tours les envolées du six cylindres se font carrément lyriques. On ne s'en lasse pas.
Sur la route, et même sous la pluie battante, il faut surveiller avec attention le compteur de vitesse. Une petite ligne droite et hop, enivré par les montées en régimes, on se retrouve à 180 km/h sans même s'en apercevoir ! Vous avez dit piège à permis ?
Même sous la pluie la tenue de cap est impériale. Il faut dire que les 4 roues motrices retardent aussi un peu l'apparition des phénomènes d'aquaplanning toujours cruciaux sur des autos chaussées de pneus très larges.
En temps normal, la transmission intégrale ne fait passer que 5% du couple sur les roues avant, mais on ressent nettement au volant l'impression d'un train avant plus chargé et plus "directeur" que sur la version à roues arrière motrices. Toutefois, la Porsche 911 Carrera 4 se conduit de la même façon que la Carrera 2 et il convient d'entrer dans les courbes "sur les freins" pour bien asseoir le train avant. Une fois inscrite dans le virage, on remet les gaz et c'est reparti jusqu'au virage suivant.
LE SYSTÈME PSM (PORSCHE STABILITY MANAGEMENT)

La Porsche 911 Carrera 4 est équipé de série du système PSM (Porsche Stability Management) qui surveille les écarts de trajectoires trop importants. Il accepte toutefois les légères dérives et intervient avec suffisamment de discernement pour ne pas vexer les pilotes les plus habiles. A vrai dire le potentiel d'adhérence de la Porsche 911 Carrera 4 est tellement élevé que, même sous la pluie et à très vive allure, le PSMl ne s'est que très rarement manifesté.
C'est dire l'excellence du châssis de cette exceptionnelle sportive et cela explique aussi pourquoi la Porsche 911 Carrera 4 fait partie de ces rares sportives utilisées au quotidien par des conducteurs qui sont en grande majorité de très, très gros rouleurs.
D. Allignol