Essai Toyota MR 2000 : pour le plaisir

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A l'extrême opposé des trop pragmatiques monospaces, le Toyota roadster MR n'a qu'une seule ambition : revenir aux sources du plaisir automobile. Un objectif qu'il atteint parfaitement... au prix de quelques petites concessions.

Date de commercialisation : avril 2000 / Date de l'essai : juillet 2000

La genèse du nouveau roadster de Toyota mérite d'être contée. Il faut d'abord savoir qu'au début des années 90, le concept même du MR n'avait plus tellement la cote chez le grand constructeur japonais.

Lancée à cette époque, la seconde génération de MR, sans doute trop typée coupé, ne rencontrait pas le succès escompté et les dirigeants de Toyota n'étaient pas du tout enclins à donner le feu vert à une nouvelle étude, accaparés qu'ils étaient par le développement d'une stratégie produits mondiale évidemment prioritaire. L'avenir du MR semblait donc définitivement compromis.

LE FRUIT DE LA PASSION

Mais c'était sans compter sur la passion d'une irréductible équipe d'ingénieurs et de concepteurs, tous fanatiques de voitures sportives, qui ne purent se résigner à voir disparaître un concept aussi excitant que le MR. Désobéissant à leur hiérarchie, c'est dans le plus grand secret... et sans aucune assurance de voir leur projet aboutir, qu'ils se lancèrent dans l'étude d'un nouveau MR renouant directement avec la philosophie de la toute première version, une philosophie entièrement axée sur le pur plaisir de conduire.

Après des heures et des heures de travail forcené (prises sur leur temps libre cela va de soi), ce n'est pas sans une certaine angoisse qu'ils dévoilèrent la nouvelle mouture du MR à leurs dirigeants. Des dirigeants pour le moins surpris, mais très vite enthousiasmés par ce véhicule qui, bien qu'hors normes, répondait en tous points aux critères de style, de technologie moteur, de sécurité et de respect de l'environnement en vigueur au sein de la gamme Toyota.

D'ordinaire réservée aux sportives les plus élitistes, l'architecture moteur central arrière / roues arrière motrices est plutôt rare dans la catégorie des petits roadsters « abordables ». En attendant la future Opel Speedster, seules la Lotus Elise, la MGF et notre Toyota MR proposent cette implantation mécanique qui offre généralement la garantie d'un comportement routier aussi vif que rigoureux.

EXTÉRIEUR

Cette disposition concourt à donner au Toyota roadster MR un style résolument exclusif, magnifié qui plus est par un empattement long (le plus long de la catégorie) associé à des porte-à-faux réduits au strict minimum.

Le tout donne au petit roadster de Toyota une allure ramassée qui suggère déjà visuellement toutes ses qualités d'agilité, de précision et d'équilibre. Une impression bien vite confirmée volant en main

SUR ROUTE, UN VRAI RÉGAL

Avec une répartition des masses idéale, un train avant qui se place au millimètre grâce à une direction directe aussi légère que précise, grâce aussi à un essieu arrière multibras qui accepte à la demande de dériver avec une certaine prévenance (attention tout de même sous la pluie !), la Toyota MR est sans conteste l'une des petites sportives les plus efficaces du moment.

Sur une petite route bien tourmentée, la Toyota MR virevolte d'un virage à l'autre sans manifester la moindre inertie, même lors des changements de cap les plus brutaux. Un vrai régal !

CONFORTABLE

Le plus étonnant est que cette redoutable efficacité n'est pas obtenue au détriment du confort. Pourtant insensible au roulis et sans avoir recours à des suspensions trop souples, le roadster de Toyota filtre admirablement toutes les imperfections de la chaussée.

Et comme il préserve ses deux passagers des remous d'air (même sans mettre en place le petit déflecteur arrière livré de série), il permet de rouler longtemps cheveux au vent, à bonne allure, et sans aucune fatigue.

PAS PRATIQUE CERTES, MAIS SI AGRÉABLE À VIVRE

Avec ses lignes qui évoquent par certains côtés le Boxster Porsche (il est des comparaisons moins flatteuses), le Toyota MR ne manque pas d'allure. Sa compacité se paye hélas par l'absence de coffre à bagages.

Le petit compartiment aménagé dans le capot avant contient la roue de secours et, sous le capot arrière, il y a le moteur ! Pour les voyages en amoureux auxquels il incite inévitablement, il faudra se contenter de (petits) sacs de voyage souples qui prendront place, à condition de les tasser un peu, dans les deux coffres aménagés derrière les sièges. Pour accéder à ces compartiments verrouillables, il est nécessaire de basculer le dossiers des sièges, hélas dépourvus de mémoire comme c'est souvent le cas sur les voitures japonaises.

Grâce à un siège et un volant réglables en hauteur, il est très facile de trouver une très bonne position de conduite. Signalons à ce propos l'excellent maintien latéral offert par les deux sièges, une qualité impérative sur une voiture aussi agile.

Lorsque la main droite quitte le volant, elle tombe instinctivement sur le court levier de vitesses qui s'actionne d'un simple mouvement du poignet. La commande est si précise et si rapide qu'elle fait presque regretter que la boîte de vitesses n'offre pas un sixième rapport, non parce que la mécanique en a besoin, mais pour le simple plaisir d'avoir une vitesse de plus à passer !

UN MOTEUR SPORTIF ET (TROP?) SOUPLE

En dépit d'une rigidité sans faille et d'un équipement généreux, le Toyota MR reste un poids plume. Les 140 ch de son 1800 cm3 à distribution variable VVT-i sont donc largement suffisants pour entraîner à vive allure ses 975 kg.

Cette distribution VVT-i, qui modifie en continu le moment et la durée d'ouverture et de fermeture des soupapes d'admission en fonction des conditions de conduite et de la charge du moteur, procure une excellente souplesse et de bonnes reprises. On repart sans problème à 1.500 tr/min en cinquième !

Rançon de cette qualité, la mécanique, très linéaire dans ses montées en régime, gomme un peu les sensations que l'on est en droit d'attendre d'une voiture aussi exclusive.

Ajoutez à cette impression parfaitement subjective une sonorité moteur qui n'est guère envoûtante, sans oublier l'absence de coffre qui risque d'en faire hésiter quelques uns, et vous aurez fait le tour des seuls reproches que l'on puisse adresser à cette petite sportive diablement attachante.