Propulsée par un moteur hybride essence / électricité, la Toyota Prius est alors la voiture de série la moins polluante au monde. Et n'allez surtout pas croire qu'elle est triste à conduire !
Date de commercialisation : février 2004 / Date de l'essai : janvier 2004

1997. Toyota lance au Japon la première voiture hybride de série qui devra attendre l'année 2000 avant d'être vendue aux Etats-Unis et en Europe. En dépit d'un physique qui n'a rien de sexy, la Toyota Prius, première du nom, va remporter un joli succès dans le monde entier puisque Toyota en commercialisera plus de 150.000 unités.
En 2004, auréolée du titre de Car of the year décerné à une énorme majorité par la presse spécialisée américaine, débarque en France une deuxième Prius beaucoup plus aboutie que la première, et sur tous les plans, qu'ils soient d'ordre esthétiques, mécaniques … ou écologiques.
UNE TONNE DE CO2 EN MOINS PAR AN !

Avant d'entamer un chapitre mécanique qui impose un minimum de concentration quelques chiffres parlants pour justifier tout l'intérêt de la technologie hybride peaufinée par Toyota, une technologie qui permet à la Prius de se rire des sévères normes Euro IV qui entreront en vigueur en 2005.
Ses émissions d'hydrocarbures (HC) et d'oxyde d'azote (Nox) sont respectivement inférieures de 80% et de 87,5% aux niveaux requis par les futures normes Euro IV pour les moteurs essence.
Quant aux émissions de Nox, elles sont inférieures de 96% aux niveaux Euro IV spécifiques aux Diesel. Comparée aux meilleures familiales diesels du segment M2, la Toyota Prius qui, bien sûr, ne rejette pas la moindre particule, permet d'éviter la production d'une tonne de CO2 par an.
Un avantage de poids pour l'environnement !
ET COMMENT ÇA MARCHE ?

Alors que les hybrides connus jusqu'alors laissent à leur moteur essence le soin d'assurer l'essentiel des performances - leur moteur électrique n'ayant qu'un rôle auxiliaire - la 2e Toyota Prius confie un rôle beaucoup plus important à tout l'ensemble électrique de son nouveau système baptisé Hybrid Synergy Drive.
UN MOTEUR ESSENCE (PRESQUE) COMME LES AUTRES

Evolution du moteur monté dans la première Toyota Prius, le moteur essence de la nouvelle version est un 1.5 l qui fonctionne à l'essence d'indice d'octane 95. Il diffère cependant des moteurs traditionnels en recourant au cycle Atkinson et non au cycle Otto classique.
Le principe du cycle Atkinson permet l'ajustement du phasage des soupapes d'admission, à l'ouverture et à la fermeture, ce qui augmente le taux de détente, d'où un meilleur rendement. Le 1.5 l de la Toyota Prius développe 78 ch, tourne à 5.000 tr/min maxi et délivre son couple maximal de 115 Nm à 4.000 tr/min. Il est réglé pour fonctionner comme un moteur stationnaire à des régimes paliers, ce qui rend totalement inutile la présence d'un compte-tours.
UNE BOÎTE DE VITESSE TRÈS SPÉCIALE !

La boîte de vitesses de la Toyota Prius est d'autant plus spéciale… qu'elle n'existe pas, du moins pas sous une forme classique. C'est en fait le répartiteur de puissance qui agit à la manière d'une boîte à variation continue de type CVT.
Constitué pour l'essentiel d'un train épicycloïdal intégrant des engrenages reliés soit au moteur essence, soit au moteur électrique, soit au rotor de la génératrice, il collecte le couple du moteur électrique et du moteur essence et le délivre soit aux roues, soit au générateur. En commandant séparément le régime des moteurs, il est ainsi possible de simuler une variation continue du rapport de démultiplication ponctuel de la transmission.
C'est aussi simple que génial, mais j'avoue humblement avoir eu du mal à comprendre comment cela pouvait marcher aussi bien, même après avoir visionné plusieurs fois l'animation virtuelle projetée lors de la conférence de presse !
A MI-CHEMIN ENTRE BERLINE ET BREAK

Alors que la première Toyota Prius était relativement laide, le nouvelle adopte des lignes très modernes dictées par des impératifs aérodynamiques. Surface frontale réduite, pavillon au "V" marqué, soubassements carénés lui permettent d'afficher un Cx exemplaire de 0,26. Beaucoup plus grande que la première version qui appartenait à la catégorie des berlines compactes, la nouvelle Prius rentre de plein pied dans le segment des moyennes supérieures. Grâce à l'emploi d'éléments en aluminium (capot et hayon), elle ne pèse pourtant que 35 kg de plus que sa devancière !
Son habitacle est particulièrement spacieux, à l'avant comme à l'arrière, où la garde au toit est cependant un peu limitée par la forme du pavillon. La planche de bord adopte un dessin moderne et d'autant plus épuré que nombre de commandes - système audio, infos sur le système hybride, téléphone et même climatisation automatique - son regroupées sur le volant. Que le passager se rassure, il conserve la possibilité de contrôler ces multiples fonctions grâce au grand écran tactile positionné au centre de la planche de bord.
Toyota a fait un effort tout particulier en ce qui concerne l'équipement (voir fiche technique). Pour résumer, disons que strictement rien ne manque dès la finition de base Linea Sol, et que des équipements high-tech comme l'installation audio JBL, la navigation par DVD ou le téléphone à commande vocale Bluetooth sont montés de série sur la finition Linea sol Pack. Seule option, la peinture métallisée facturé 395 € !
UNE CONDUITE PARTICULIÈREMENT SEREINE

Avec la finition Linea Sol Pack dont bénéficient nos voitures d'essai, il suffit de s'approcher de la voiture clé en poche et de toucher la poignée de porte pour pénétrer à l'intérieur.
Après avoir peaufiné sa position de conduite, on enfonce le bouton "power" et là, surprise rien ne se passe. Silence absolu à l'exception d'un court "bip" qui vous prévient que la voiture est prête à répondre à vos ordres.
Vous enclenchez alors le très court levier de vitesses (si l'on peut dire !) sur "D" et vous enfoncez la pédale d'accélérateur. La voiture démarre dans un silence absolu en mode intégralement électrique. Si vous vous accélérez en douceur, la Toyota Prius reste en mode électrique mais si vous avez besoin d'une accélération plus franche, le moteur essence se met alors en route sans le moindre à-coup pour apporter son aide au moteur électrique.
Sur la route, les deux moteurs travaillent de concert mais, à la moindre décélération, le moteur essence se coupe et l'énergie récupérée file directement vers les batteries. On peut visualiser le trajet des flux d'énergie sur l'afficheur multifonctions de la console centrale, mais également afficher un graphique qui vous renseigne, 5 minutes par 5 minutes, sur votre consommation et sur l'énergie électrique récupérée, symbolisée par des icônes en forme de petites voitures.
Pour "gagner" le plus possible de petites voitures, on peut se servir de la position "B" du levier de vitesses qui accentue le freinage régénérateur. Résultat, on peut conduire d'une manière très coulée sans pratiquement toucher aux freins. Ces derniers, de type "by wire", innovent aussi en étant géré électroniquement, ce qui ne les empêche pas d'offrir un toucher de pédale aussi agréable qu'un système hydraulique classique.
LE MÊME COMPORTEMENT QU'UNE TRÈS BONNE ROUTIÈRE

Reposant sur des trains roulants classiques, la Toyota Prius bénéficie de réglages beaucoup plus européens que ceux de l'ancienne version.
Les mouvements de caisse sont désormais parfaitement contrôlés sans que cela nuise pour autant au filtrage des irrégularités de la chaussée. La direction à assistance électrique (cela va de soi !) est précise mais sa démultiplication (3,6 tours de butée à butée) gagnerait à être un tantinet réduite.
Le silence participe également au confort. La carrosserie n'est sujette à aucun bruit d'air parasite et la mécanique est d'une admirable discrétion même lorsque le moteur essence fonctionne à plein régime.
Et en ville, c'est carrément royal. Il suffit d'enfoncer le bouton "EV" et la Toyota Prius ne fonctionne plus qu'à l'électricité jusqu'à 50 km/h.
Idéal pour "glisser" dans un silence absolu, le temps de traverser une petite bourgade, l'autonomie des batteries étant alors limitée à un peu plus de 2 km. Au-delà, et bien avant une décharge complète, le moteur essence se charge de les réalimenter. La Toyota Prius n'a donc pas besoin d'être branchée à une quelconque prise de courant comme les voitures intégralement électriques.
LE MÊME PRIX QU'UNE FAMILIALE TURBO-DIESEL

Compte tenu de l'équipement généreux dont elle bénéficie et des technologies sophistiquées qu'elle embarque, la Toyota Prius ne s'affiche pas à un tarif rédhibitoire.
En ces temps où l'automobile est accusée de tous les maux, la Toyota Prius, en approchant le seuil de la pollution zéro, est donc définitivement la seule voiture qui permet aux conducteurs sensibles à la bonne santé de la planète de rouler sans culpabiliser.
D. Allignol