Essai Volvo XC90 2002 : masculin, mais pas macho

Imprimez cet article

(Date de l'essai : février 2003) Toute la philosophie du nouveau SUV de Volvo est résumée dans ce titre. Mais en plus de son avantageux physique de baroudeur "classieux", le XC 90 possède aussi de nombreuses autres qualités qui font de lui le véhicule familial par excellence.

Volvo s'est fixé comme ambitieux objectif de vendre 500.000 voitures par an. Et son nouveau XC 90 devrait considérablement l'y aider ! Il faut dire que la carrière du premier SUV suédois démarre sur les chapeaux de roue. Avant même que la première voiture n'ait été livrée, son constructeur avait déjà enregistré plus de 15.000 commandes !
Pour satisfaire la demande, Volvo a donc bien vite pris la décisions de porter le volume de production du XC 90 à 60.000 unités par an. Il n'empêche ! En France, tous ceux qui voudront prendre la route à son volant devront s'armer de patience : pas loin d'une année d'attente !

America first !
Aux Etats-Unis, Volvo a réalisé des ventes records pour la troisième année consécutive. La marque suédoise a donc le vent en poupe là-bas et ce n'est pas le XC 90 qui devrait faire baisser sa cote d'amour, bien au contraire. Présenté pour la première fois au Salon de Detroit 2002, le XC 90 a, depuis, reçu le titre de "SUV of the Year" (SUV de l'année) décerné par la très influente revue automobile américaine Motor Trend. Une récompense enviée qui a généralement pour résultat immédiat de "booster" les ventes du modèle primé.
Et voilà pourquoi 65% des XC 90 prendront directement le bateau pour les States ! L'Europe devra se contenter d'absorber environ 25% des ventes et les 10% restants se répartiront dans le reste du monde.

Grand dehors, immense dedans
Avec ses 4.80 m de long, le XC 90 est actuellement le plus grand des SUV, exception faite du Range Rover qui ne boxe toutefois pas dans la même catégorie. Sous une carrosserie haute qui reprend les traits caractéristiques des véhicules de la marque (épaulements larges et prononcés, face avant verticale, calandre sombre, capot en V, feux arrière caractéristiques), le XC 90 offre un habitacle particulièrement spacieux. Il le doit, certes, à sa longueur, mais aussi à son empattement qui, avec ses 2.86 m, est le plus long de la catégorie. Cette caractéristique, le XC 90 la doit avant tout à la disposition transversale de ses mécaniques qui, chez ses principaux rivaux (BMW X5, Mercedes ML) conservent une plus traditionnelle implantation longitudinale. Voilà qui a permis d'avancer au maximum la cellule passager, avec un pare-brise positionné plus en avant que sur la plupart des autres tout-chemin de loisirs. Résultat, le XC 90 peut offrir jusqu'à 7 places grâce à une troisième rangée de sièges constituée de deux strapontins s'escamotant intégralement dans le plancher comme sur un Opel Zafira. Ces deux sièges sont plus particulièrement destinés à des enfants, mais ils bénéficient comme tous les autres de ceintures de sécurité à prétensionneurs, tout en étant protégés des chocs latéraux par des airbags rideaux.

Un monde de douceur
S'il en impose par ses allures de gros costaud, le XC 90 accueille ses passagers dans une atmosphère empreinte d'une douceur qu'il doit en grand partie à la simplicité toute scandinave du traitement de ses aménagements intérieurs. Mais attention, simplicité ne veut pas dire austérité ! La planche de bord, admirablement dessinée et remarquablement finie, est typiquement Volvo. Tout est à sa place et l'on manipule presque instinctivement l'ensemble des nombreuses fonctions et commandes mises à la disposition du conducteur. Et c'est tout particulièrement vrai pour la climatisation et le chauffage, ce qui n'a rien d'un détail lors d'un essai se déroulant par –30° !

Trois moteurs turbo
Ce n'est pas un scoop ! En France, le XC 90 réalisera l'essentiel de ses ventes animé par l'excellent moteur Diesel D5, un 5 cylindres common rail de 163 ch uniquement accouplé, pour l'instant, à une boîte automatique à 5 rapports. Une nouvelle boîte mécanique à 6 rapports sera disponible au cours de second semestre 2003.
A l'occasion de ses traditionnels Winter Tests organisés cette année en Suède sur les bords de la mer Baltique, Volvo n'avait mis à notre disposition que des motorisations essence, à savoir un cinq cylindres en ligne 2.5 litres turbocompressé de 210 ch et un six cylindres en ligne 2.9 litres turbocompressé de 272 ch. Le premier des deux est accouplé à une boîte automatique à 5 rapports, le second à une boîte auto à 4 rapports. Nous avons jeté notre dévolu sur le 2.5 litres qui sera certainement la plus demandée des (rares) motorisations essence qui seront importées chez nous. Grâce à son turbo basse pression, ce 5 cylindres délivre son couple maximum (320 Nm) dès 1.500 tr/min, un gage de grande souplesse et de bonnes accélérations.

Plaisir de conduite et sécurité
Nous ne pourrons ici vous parler des qualités routières du XC 90 sur le sec. La totalité de notre essai s'est en effet déroulée sur des routes enneigées et même...sur l'eau ! La mer Baltique ayant une très faible teneur en sel, elle gèle facilement. Elle se recouvre ainsi d'un solide couche de glace de 80 cm sur laquelle on trace des routes à grand coup de chasse-neige. Les autochtones qui, l'été, se rendent sur leurs petites îles par bateau, y vont, en hiver, au volant de leur voiture. Alors qu'il suffit de deux centimètres de neige fraîche pour paralyser notre beau pays, on roule en Suède sur la glace vive en toute sécurité !
Dans ces conditions, notre XC 90 a prouvé la sûreté de son comportement. Equipé de pneus neige très légèrement cloutés, il nous a permis d'adopter un rythme de conduite aussi rapide que sur le sec. Relativisons bien vite cette "performance" en précisant qu'il dispose de nombreuses aides à la conduite qui mettent le pilotage sur neige ou glace à la portée du plus maladroit des conducteurs.

4 roues motrices... et le reste
Le XC 90 n'est pas un 4x4 de franchissement. Il ne dispose d'ailleurs pas d'une gamme de vitesse courte. Néanmoins grâce à sa haute garde au sol, le tout-chemin ne l'effraie pas. Il profite de ses gros pneus et de ses suspensions souples pour offrir un excellent confort en toutes circonstances, mais ne se "vautre" pas pour autant dans les courbes serrées où il manifeste une rassurante attitude sous-vireuse.
Le XC 90 est équipé d'une transmission intégrale qui, en condition normale, transmet 95% du couple aux roues avant. Mais il suffit que l'une des roues avant patine sur un septième de tour seulement pour que le système AWD renvoie de la puissance sur les roues arrière (jusqu'à 65%). De quoi assurer un excellent "grip" au démarrage même sur la glace. Quant à la répartition de la puissance entre les roues gauches et droites, elle est assurée par le système TRACS qui freine automatiquement la ou les roues qui patinent.
Ajoutez à cela le DSTC (contrôle dynamique de la stabilité) qui contrecarre aussi rapidement que subtilement toute tendance à la dérive et vous obtenez une voiture au comportement particulièrement rassurant, même dans les conditions les plus extrêmes. Et ce n'est pas tout ! Volvo a également équipé son XC 90 d'un système actif de préservation de la stabilité baptisé RSC (Roll Stability Control) qui, grâce à un capteur gyroscopique, détecte les risques de tonneau. Il réagit alors en réduisant la puissance du moteur, mais aussi en freinant une ou plusieurs roues selon les besoins, jusqu'à ce que la voiture sous-vire et que la stabilité soit rétablie.

Une sécurité absolue
Sur route ouverte... et enneigée, le XC 90 se conduit comme sur route sèche. Un virage qui se referme abordé avec (un peu) trop d'optimisme ? Pas de problème ! Le DSTC entre en action et remet en ligne l'essieu qui tend à se dérober. Force est d'ailleurs de constater à quel point les contrôles dynamique de stabilité se sont aujourd'hui peaufinés. Le système du XC 90 agit avec autant de précision que de douceur et sa mise en action ne perturbe jamais le conducteur... bien au contraire !
Mais comme il est impossible de cerner les limites d'un tel système sur route ouverte, Volvo nous avait aménagé trois pistes fermées sur l'immense étendue glacée de la mer Baltique.
Là, comme il n'y avait aucune voiture susceptible d'arriver en face et que de gros talus de neige fraîche se chargeaient de limiter les conséquences d'une sortie de route, nous avons pu nous en donner à cœur joie. En "balançant" énergiquement le XC 90 dans les courbes, il est alors possible de contrecarrer les effets du DSTC (non déconnectable) et d'entretenir d'amples dérives... avant que le système ne retrouve ses marques et vous remette, doucement mais fermement, dans le droit chemin. De quoi éviter tous risques de tête à queue et se prendre, en toute immodestie, pour un spécialiste du pilotage sur glace.