Son nom de baptême était Fury, mais Honda a choisi de l’importer en Europe sous l’appellation beaucoup plus poétique de VT1300CX. Peu importe ! Moi qui n’aime pas trop les customs, je ne peux rester insensible à la plastique de l’impressionnante machine sur laquelle je m’apprête à grimper.
Grimper ? Descendre serait plus approprié tant la selle de la Honda VT1300CX (et si on disait Fury, une bonne fois pour toute !) est basse. Les fesses « perchées » à un peu moins de 68 cm du bitume, je ne risque pas de tomber de bien haut au guidon de l’incroyable délire du pourtant très sérieux constructeur japonais.
Bon, avec une selle aussi basse, voilà bien une moto adaptée aux petits gabarits, me direz-vous ? Et bien non. D’abord la Fury est lourde (303 kg tous pleins faits), ensuite ses commandes repoussés au maximum vers l’avant (comme il se doit sur un custom !) imposeraient à celles et à ceux qui mesurent moins de 1,70 m de se faire greffer des bras d’orang-outan et des pattes de héron. Voilà qui gâcherait immanquablement l’image renvoyée par les vitrines dans lesquelles les amateurs de customs aiment tant à se refléter.
Un look à la fois classique et original
Si vous voulez passer inaperçu au guidon d’une moto, la Fury n’est pas pour vous ! Idem si vous n’avez pas envie, à chacun de vos arrêts, de répondre à la sempiternelle question « C’est une Harley ? ». Faut dire qu’elle ne manque pas de susciter l’admiration « ma » Honda. Pas celle des vrais motards qui me toisent (facile !) du haut de leur vraie moto, mais celle des gens de la rue, sans distinction d’âge, qui se demandent d’où peut bien sortir cet engin qui rutile de tous ses chromes, lesquels mettent en valeur une silhouette pure qui, en dépit des outrances qu’impose le style custom, réussit à rester parfaitement équilibrée.
Un équilibre qui, curieusement, doit tout au déséquilibre créé entre un avant acéré, dont la finesse est accentuée par l’important angle de chasse de la fourche, la petite optique chromée et l’étroit pneu de 90 mm, et un arrière compact et ramassé magnifié par un énorme boudin de 20 mm. Entre les deux trône une sorte de cathédrale mécanique, un énorme bicylindre en V qui, en dépit de ses ailettes, est refroidi par eau via un radiateur qui a l’élégance de se dissimuler subtilement dans le double berceau du cadre. Bon, cela étant dit, certains esprits chagrins regretteront l’abondance de pièces chromées... en plastique.
On s’en consolera en admettant que cela soulage à la fois la Honda de quelques kilos et son prix d’une bonne dizaine de billets de 500 euros, l’équivalent de la Fury chez Harley, la HD Softail Rocker C, étant facturée 21.325 euros.
Une comportement étonnement rigoureux...
Immensément longue et braquant aussi court qu’un semi-remorque, la Fury n’est à priori pas taillée pour la ville. Et pourtant, elle se prête de bonne grâce à l’exercice grâce à la souplesse de son moteur et à la douceur de ses commandes (C’est une Honda, après tout !). Notre modèle d’essai étant équipé d’un petit saute-vent optionnel, rouler sur autoroute aux vitesses réglementaires (que l’on n’a pas envie de dépasser même si on le peut !) ne tient pas non plus de la punition.
Reste que c’est sur les petites routes ensoleillées (sèches de préférence pour ne pas salir les chromes... et bloquer la mince roue avant sur un freinage d’urgence) que la Fury donne sa pleine mesure. Avec ses 57 ch, le moteur n’est pas un foudre de guerre mais le gros couple qu’il délivre à très bas régime permet d’enrouler à bonne allure sans jamais quitter le cinquième rapport. A cela s’ajoute une tenue de cap rigoureuse, un cadre qui ne se tortille pas dans les virages et un freinage rassurant... à condition de ne pas oublier de freiner de l’arrière. Quant aux repose-pied, ils vous inciteront bien vite à ne pas « angler » comme Valentino Rossi dans les virages serrés !
... et un confort insoupçonnable... mais juste pour le pilote
Pour un custom, la suspension est plutôt conciliante et l’amortisseur arrière qui prend soin de se dissimuler pour préserver le look « cadre rigide » de la Fury, prend également soin de vos vertèbres. Une bonne surprise... pour le pilote ! Votre passagère, elle, devra faire preuve de beaucoup d’amour ou d’abnégation pour poser ses jolies fesses sur l’espèce de strapontin qui lui sert de selle. Et même si vous lui offrez le joli « sisi-bar » optionnel qui lui callera un tant soi peu les reins, cela ne devrait pas l’empêcher de vous maudire à chaque retour de balade !
Ce « détail » mis à part, cette Fury qui pourrait très bien décorer votre salon, a tout à fait sa place sur la route où elle incite à une conduite zen, vous berçant des sourds poum-poum qui émanent de son échappement et des « good vibrations » qui font trembler juste ce qu’il faut son large guidon. Le bonheur, quoi !
Fiche technique
● Moteur : bicylindre en V à 52°, 4-temps, refroidissement par eau, 1.312 cm3, 57,7 ch à 10.000 tr/min, 107 Nm à 2.250 tr/min
● Vitesse maxi : on s’en fiche un peu !
● Réservoir : 12,8 l
● Hauteur de selle : 678 mm
● Prix : 15.590 €
D.Allignol
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