Essai Volkswagen Passat W8 Tiptronic 2001 : le maillon fort

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(Date de l'essai : avril 2002) Avec son moteur 8 cylindres révolutionnaire et son exceptionnel niveau d'équipement, la Passat W8 est le premier maillon d'une nouvelle stratégie qui vise à étendre la gamme Volkswagen vers le très haut de gamme, jusqu'alors chasse gardée des marques dites "spécialisées".

Vengeance ! Pour répondre aux constructeurs spécialistes du haut de gamme (Mercedes, BMW, Jaguar... ) qui osent "descendre" en gamme pour augmenter leurs parts de marché, Volkswagen, constructeur généraliste de voiture par excellence, a décidé, lui, de "monter" à l'assaut des segments supérieurs, ceux des berlines et limousines de très grand luxe. De quoi permettre à la marque allemande, déjà présente sur 95% du marché mondial, d'occuper aussi très prochainement, les 5% restants.

Des haut de gamme tr�s "haut de gamme"
Pour s'attaquer aux bastions les plus hupp�s de la production automobile, Volkswagen, sous l'impulsion de son ambitieux pr�sident Ferdinand Piech, ne va pas y aller avec le dos de la cuill�re ! Et les caract�ristiques des trois mod�les qui vont respectivement s'attaquer aux berlines de prestige, aux sportives d'exception et aux 4x4 de luxe ont de quoi faire fr�mir la concurrence. Jugez plut�t.

La limousine D1 (c'est un nom de code) qui sera commercialis�e au printemps 2002 recevra sous son capot un 12 cylindres 6.0 l de 420 ch ainsi qu'un V10 TDi de 313 ch, soit 63 ch de plus que le 400 CDI de la Mercedes Classe S !
Pour contrer le BMW X5 et le Mercedes ML, Volkswagen disposera en 2003 d'un 4x4 �tudi� en partenariat avec Porsche, qui en commercialisera sa propre interpr�tation. Baptis� provisoirement MAC ("Multi Activity Cruiser"), le 4x4 de Volkswagen b�n�ficiera, entre autre, du V10 DCI de 313 ch .
Histoire d'aller taquiner Aston Martin, Porsche et m�me Ferrari, Volkswagen lancera aussi en 2003 une ultrasportive � moteur central arri�re qui, propuls�e par le 12 cylindres 6.0 l de la berline D1, sera capable d'atteindre avec une d�risoire facilit� un bon petit 300 km/h.

Mais chez VW on n'est pas tr�s patient et, en attendant ces trois futures stars, c'est tout naturellement la Passat, la plus grosse des VW actuellement disponibles, qui a �t� choisie pour ouvrir de nouveaux horizons � la marque. Pour faire d'elle un v�ritable haut de gamme, il suffisait de lui offrir un �quipement sans faille ainsi qu'un plus gros moteur que les excellents V6 d�j� disponibles. Un V8 s'imposait donc. H�las, les V8 "maison" mont�s sur certaines Audi ne rentrent pas sous le capot de la Passat. Il a donc fallu trouver autre chose et cet autre chose s'appelle W8.

En 1992, Volkswagen envisage de faire monter en gamme sa Golf (déjà !) en la dotant d'une motorisation 6 cylindres, par essence plus noble qu'un 4 cylindres même turbocompressé. Mais comme il n'y a pas assez de place sous le capot pour y loger un 6 cylindres en ligne (trop long) ou un V6 (trop large) les ingénieurs ont l'idée géniale de concevoir un moteur à mi-chemin entre l'architecture en ligne et celle en V. Baptisé VR6 ce propulseur se distingue par sa compacité qu'il doit pour l'essentiel à l'angle très fermé (15°) formé par ses deux rangées de cylindres, ces derniers étant disposés en quinconce sous une culasse unique.
Réunissez maintenant ces deux VR6 selon un angle de 72° à un seul embiellage à 5 palliers et vous obtenez un double V6 ou plutôt un W12. Vous suivez toujours ? Alors on continue !
Enlevez maintenant deux cylindres à chacun des VR6 pour un faire des VR4 et vous obtenez un W8. C'est le moteur de la Passat !
Coiffé de culasses à deux arbres à cames en tête et quatre soupapes par cylindre, le W8, entièrement en alliage léger, ne pèse que 190 kg et se révèle extrêmement compact puisqu'il ne mesure que 42 cm de long pour 71 de large et 68,3 de haut.
Deux arbres d'équilibrage, tournant en sens opposé à deux fois la vitesse du vilebrequin se chargent d'éliminer les plus infimes vibrations. C'est donc avec une extrême onctuosité que le W8 délivre la respectable puissance de 275 ch à 6.000 tr/min et pas moins de 370 Nm de couple dès 2.750 tr/min. Il est accouplé soit à une boîte mécanique 6 vitesses (qui sera fort peu demandée) soit à une boîte automatique 5 rapports de type tiptronic qui correspond parfitement à l'esprit de la voiture.

Discrétions à l'extérieur, équipement pléthorique à l'intérieur
Luxueuse mais pas ostentatoire, la Passat W8 ne se reconnaît que par ses deux doubles sorties d'échappement et ses belles jantes alliage de 17 pouces. Cela se voit encore moins mais sa coque, reprise à la dernière génération de Passat, a été optimisée par la mise en oeuvre de renforts supplémentaires qui accroissent à la fois le niveau du silence et la rigueur du comportement dynamique.
A l'intérieur, outre les nouveaux revêtements de la planche de bord, on note la présence d'un compteur gradué jusqu'à 300 km/h. Fleuron de la gamme Passat, la W8 bénéficie de tous les équipements de confort de la finition Carat, complétés d'une sellerie cuir, d'airbags rideaux avant et arrière, d'un volant multifonction et d'un changeur 6 CD en façade. Pour plus de détails, voire la fiche technique !
La liste des options est forcément limitée. Elle se limite pratiquement à un système de navigation GPS très performant et à un toit ouvrant qui se charge, en cas de fort ensoleillement, d'activer automatiquement la ventilation même lorsque le véhicule est à l'arrêt.

Plus confort que sport
La belle mais (trop ?) discrète sonorité du moteur donne la ton. La Passat a été avant tout conçue pour transporter ses heureux passagers dans le plus grand confort possible.
Comme souvent chez Volkswagen, les suspensions, même avec les réglages "sport" adoptés pour le marché français, se révèlent un peu trop souples pour juguler les mouvements de pompage sur les grandes ondulations. On s'y habitue d'autant plus que cela ne remet jamais en cause la sérénité du comportement routier. Avec ses quatre roues motrices permanentes, ses pneus larges et son contrôle dynamique de stabilité la Passat W8 est scotchée à la route même lorsque elle est humide.
C'est bien sûr sur autoroute que la Passat donne sa pleine mesure. La voiture étant toutefois très lourde (plus de 1.600 kg) on se demande parfois où sont passés les 275 ch. Mais cette impression tient plus à la linéarité et à la disponibilité de la mécanique qu'il n'est pas nécessaire de pousser haut dans les tours ainsi qu'à la douceur de la boîte automatique.